Dire que le Congo est malade de son trésor public est un secret de polichinelle, tant le prurit corrupteur et prévaricateur crève les yeux. En l’absence d’une enquête judiciaire préliminaire diligentée sur la base d’un rapport d’audit établi par une institution publique habilitée, tout est encore flou. Difficile, en l’état actuel des choses, de démêler les fils de l’écheveau entre l’info et l’infox. Notre enquête continue.
À mesure que nous avançons dans ce que l’on pourrait qualifier de scandale financier au sein du trésor, il devient ardu d’identifier un « ange » au sein de cette institution financière. Pourtant, au sein des cercles du pouvoir à Brazzaville, des factions s’affrontent à visage découvert, sur fond d’une lutte qui évoque un règlement de comptes.
Un jour pair, le domicile de Stéphanie Mouaya, ancienne directrice générale du trésor, responsable des recettes, situé rue Louolo au Plateau des 15 ans, est assiégé par des éléments de la police qui procèdent à son interpellation devant des voisins que nous avons pu rencontrer. Un jour impair, des coups de téléphone lui permettent d’être extraite des griffes des forces de l’ordre. Elle recouvre sa liberté. Son innocence est-elle établie ?
Ses collaborateurs également interpellés par la police y sont maintenus pour des besoins d’enquête. Son collègue, Armel Silvère Dongou, ancien directeur général adjoint du trésor et actuellement en séjour à l’étranger, fait l’objet d’un mandat d’arrêt international émis par le Parquet de Brazzaville. Selon certaines indiscrétions, il pourrait subir la saisie de ses biens meubles et immeubles. Il est difficile de déterminer si cette procédure repose sur une enquête judiciaire préliminaire diligentée suite à un rapport d’audit d’une institution publique habilitée (IGF, Cour des Comptes ou HALC), qui aurait mis en lumière des irrégularités de gestion et des malversations financières.
L’espace public est inondé d’informations aussi bien véridiques que fallacieuses. Un exemple, les réseaux sociaux ont annoncé la suspension de Paul Malié, le directeur de cabinet du ministre des finances, alors qu’il n’en est rien…
Les circonstances entourant ce méli-mélo demeurent obscures. Il va falloir démêler les fils d’un drame digne d’une tragédie shakespearienne au sein d’un trésor public devenu, selon certaines observateurs, un « trésor privé ». Nous y reviendrons.
A.Ndongo, journaliste économique et financie