Le chef de la junte militaire, le général Abdel Fattah al-Burhan, a limogé les directeurs de 30 universités du pays mardi 29 mars, ainsi que leur comité de direction. Un mouvement de grève a commencé mercredi pour protester contre cette décision. Alors que de laborieuses négociations sous l’égide de l’ONU et de l’UA cherchent une issue à la crise, cette décision montre comment le chef de l’armée prend le contrôle de l’État, notamment en réintégrant les cadres de l’ancien régime du président déchu Omar el-Béchir.
Le général al-Burhan a nommé mardi des fidèles à la tête de trente universités, foyers essentiels de la mobilisation populaire, malgré la protestation de ceux qu’il a limogés, selon qui une telle décision ne peut être le fait que d’un Premier ministre, ce dont le Soudan est privé.
La veille, c’était Ali Osman Karti qui voyait ses comptes bancaires débloqués par la Banque centrale. Cet ancien cadre du parti islamiste d’Omar el-Béchir avait été exclu par le comité chargé d’épurer l’appareil d’État des fidèles de l’ancien régime.
Le 21 mars, le régulateur bancaire avait également débloqué les comptes de 646 individus et 373 sociétés, auparavant gelés pour collusion avec le régime el-Béchir. D’anciens ministres ou hauts fonctionnaires sanctionnés pour les mêmes raisons, des centaines de cadres des aéroports, d’hôpitaux publics, de l’autorité pétrolière, du ministère de l’Énergie ou de la Nile Bank, ont ainsi bénéficié de mesures de réintégration ordonnées par la Cour suprême.
L’ancien président incarcéré lui-même semble désormais faire l’objet d’une attention particulière. Ses avocats ont ainsi fait savoir le 20 mars que son état de santé requérait au minimum une hospitalisation, voire un retour chez lui, sous surveillance. Son transfert à la CPI, évoqué par l’ancien gouvernement de transition, n’est en tout cas plus d’actualité.