Après 40 ans cumulés à la tête d’un pays ruiné où les services publics tombent en lambeaux, Sassou-Nguesso a réussi à étouffer toute opposition, plonger son pays dans la détresse sociale et continue à se jouer de ses partenaires internationaux. L’empereur d’Afrique centrale concentre sa diplomatie sur la protection des forêts du bassin de Congo et la lutte contre les changements climatiques pour continuer à exister sur la scène internationale et à prédater des fonds internationaux.
Celui qui se fait passer pour le grand défenseur du bassin du Congo en est aussi le principal dévastateur à travers toutes les sociétés appartenant à son clan. Le Gabon dont les autorités ne crient pas partout leur amour pour la forêt a reçu un appui financier important en million de dollars pour sa lutte contre le déforestation. Sassou Nguesso niet !
A Kingoué dans la Bouenza, une société appartenant à un fils de Sassou Nguesso a pollué la rivière locale, privant les habitants du poisson et de ses eaux. A Kellé dans la Cuvette -Ouest et dans la Sangha, on a assisté à des mêmes scènes. Après avoir tout pollué à Kakamoeka, le clan Sassou veut s’attaquer désormais au site de Sounda.
Des grumiers traversent chaque jour la frontière du Cameroun chargés du bois de la Sangha dont la forêt subit une déforestation sauvage. Il en est de même dans la Bouenza, le Niari où pullulent des sociétés des membres du clan. Entre temps, Denis Sassou Nguesso, profite de chaque sommet international pour s’ériger en grand défenseur du Bassin du Congo croyant s’adresser aux ignorants.
Alors que la République du Congo possède une vaste surface forestière, évaluée à 22 334 000 ha, soit plus de 65,4 % de la superficie du pays, auxquelles s’ajoutent plus de 50 000 ha de forêts plantées, la cause climatique n’est bien sûr qu’un alibi pour tenter de redorer son blason de dictateur vieillissant dont la seule obsession reste la conservation du pouvoir et la recherche du profit. Pour Le Monde en Commun, Gabrielle Cathala signe une analyse dense et complète de la stratégie de l’homme à la tête du Congo.
L’assurance vie de Sassou-Nguesso sur la scène internationale : la protection de l’environnement
Le Congo et le monde entier vivent sur une bombe à retardement. En 2014, des scientifiques ont fait une grande découverte : la région Cuvette Centrale (région congolaise), qui fait partie de la deuxième plus vaste forêt humide du monde, abrite aussi les plus importantes tourbières tropicales, cruciales pour la lutte internationale contre le changement climatique. Après 3 ans d’analyse, ces scientifiques essentiellement britanniques publiaient leurs travaux en 2017 dans la revue Nature.
La présence de zones humides fragiles était déjà connue dans les deux Congo mais elles n’étaient jusque lors pas qualifiées de Tourbières. D’après les estimations, ces tourbières situées en République du Congo et en République Démocratique du Congo stockeraient 30 milliards de tonnes de carbone, soit une quantité similaire à celle du carbone stockée dans tous les arbres de la forêt tropicale du bassin du Congo. Ces 30 milliards de tonnes de CO2 représentent l’équivalent de 3 ans d’émissions mondiales. Si la superficie totale de ces tourbières représenterait une surface supérieure à celle de l’Angleterre, cela correspond à moins de 10% de la superficie de la forêt tropicale du Bassin du Congo.
Lointaine parente de Sassou-Nguesso, Soudan-Nonault est complice de toutes ses initiatives : le Fonds bleu pour le Bassin du Congo dont la création a été actée en mars 2017 à Oyo, fief de Sassou-Nguesso, en est le meilleur exemple. En marge de la COP22 à Marrakech en novembre 2016, trois commissions, dont une dédiée à la région du Bassin du Congo et présidée par la République du Congo, ont en effet été annoncées. La Commission climat du Bassin du Congo (CCBC) est depuis chargée de donner vie au Fonds bleu. Elle rassemble 16 états africains, et est coordonnée par Arlette Soudan-Nonault.
La commission aurait à ce jour identifié plus de 250 projets, pour un investissement total de 8 milliards de dollars… (d’après Jeune Afrique). Force est de constater que le Fonds bleu est toujours une coquille vide début 2021. En février dernier, il était question d’« institution sous peu de la banque chargée de la gestion des financements » de ce Fonds, soit de choisir la banque associée, d’après une annonce de la Commission climat. La CCBC et le Fonds bleu sont une deuxième tentative après l’échec, en 2011, du Sommet des chefs d’État et de gouvernement des trois bassins forestiers tropicaux (bassins de l’Amazonie, du Congo et du Bornéo-Mékong) organisé à Brazzaville lors de l’année mondiale des forêts. Son but était de monter une agence internationale dans la capitale congolaise pour accroître le rayonnement du pays. Quant aux 65 millions de dollars de CAFI mentionnés plus haut, ils n’ont toujours pas été décaissés. Rien de surprenant, le décaissement est évidemment conditionné et aucun programme clairement défini n’est à ce jour finalisé.
Cette situation plonge la communauté internationale dans l’embarras : La République du Congo est en effet loin d’être un Etat responsable du changement climatique et la protection de ses écosystèmes est cruciale pour le reste de l’humanité, mais face à sa gouvernance catastrophique, son régime autoritaire et l’absence d’une opposition crédible, que faire ? Le financer pour des résultats hypothétiques ou l’abandonner ? Le feuilleton congolais, où chacun tire son épingle du jeu, se poursuivra sans aucun doute avec les prochaines COP.