RDC: la nomination de Denis Kadima à la tête de la Céni suspendue au stylo de Tshisekedi

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L’Assemblée nationale a entériné samedi les nouveaux membres du bureau de la commission électorale. C’est au chef de l’État que revient désormais la décision et le pouvoir de confirmer ces nominations par une ordonnance présidentielle. Si dans son camp, on se réjouit de voir cette étape cruciale franchie, l’opposition, elle, boycotte toujours. Et même dans les rangs de l’Union sacrée, la nouvelle majorité, cela crée de réelles dissensions. Pour les catholiques et les protestants, c’était une ligne rouge.

Dans l’entourage du président Félix Tshisekedi, on se félicite de la désignation de Denis Kadima comme président de la Céni qui serait le meilleur des candidats, en raison de son CV, c’est un expert électoral international. Les critiques à son encontre seraient, selon un proche du chef de l’État congolais, parce qu’il est muluba, de l’ethnie de Félix Tshisekedi. Mais ce proche se refuse à confirmer que le président Tshisekedi signera l’ordonnance. « C’est sa prérogative mais les protestations n’empêcheront pas les élections de se dérouler », explique-t-il encore.

Mais si l’ordonnance présidentielle est signée, les catholiques et les protestants ont déjà menacé de manifester. Et avec eux, les mouvements citoyens. Les dernières marches des chrétiens dans le pays datent de 2018, c’était à l’époque contre le maintien au pouvoir de Joseph Kabila. Puis, en juillet 2020, catholiques et protestants avaient déjà rejeté la candidature de Ronsard Malonda et le président Félix Tshisekedi avait décidé de ne pas entériner sa nomination. Le Comité laïc de coordination, qui avait conduit les marches, exprime aujourd’hui sa déception. « C’est vraiment avec tristesse et consternation que nous remarquons que le même scénario qui avait présidé à la désignation à la hussarde de Ronsard Malonda ait pu encore prévaloir cette fois-ci malgré les efforts fournis pour que ces désignations puissent s’opérer dans un consensus le plus large possible. Il s’agit de l’organisation des léections que nous voulons tous paisibles, transparentes. Le fait que nous nous retrouvions exactement dans la même configuration est vraiment déplorable. Nous espérons que tout le monde puisse se ressaisir et que le chef de l’État puisse appliquer la même mesure qu’il avait prise, c’est-à-dire de ne pas rendre d’ordonnance d’investiture lorsque les désignations ont été opérées dans un contexte aussi contestable », régit Hervé Diakiese, porte-parole du CLC.

Si le chef de l’État le fait, la RDC risque de replonger dans le scénario d’un processus électoral tendu à l’horizon 2023, estime pour sa part Trésor Kibangula, analyste politique pour le Groupe d’étude sur le Congo.

Le risque que court le président Tshisekedi, c’est d’arriver comme cela à mettre d’accord tout le monde contre lui. Les jours et les semaines qui arrivent seront très tendues dans le pays

La coalition Lamuka des opposants Martin Fayulu et Adolphe Muzito, eux, manifestent déjà, mais pas le FCC de Joseph Kabila aujourd’hui dans l’opposition.

Du côté de la majorité, ces désignations pourraient précipiter une implosion de l’Union sacrée. Avec d’abord, les partis de l’ancien gouverneur Moïse Katumbi. L’autre groupe qui avait déjà manifesté son mécontentement, c’est l’UNC de l’ancien directeur de cabinet Vital Kamerhe. Pour ce qui est du MLC de l’ancien vice-président Jean-Pierre Bemba, jusqu’ici, il n’avait pas pris position publiquement, mais son parti se réunit ce lundi pour en parler.

Du côté du parti présidentiel, on assure depuis des semaines ne pas s’inquiéter des velléités de manifester des uns ou des autres car l’UDPS aurait été, selon les partisans de Félix Tshisekedi, la principale force mobilisatrice lors des marches des chrétiens.