Pourquoi le célibat est-il mal perçu ?

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Tout jeune homme et toute jeune femme  ayant l’âge nubile sont attendus au mariage. Le mariage représente le passage d’un certain cap, celui qui au-delà de s’être accepté, accepte et reçoit l’autre dans sa différence et dans son originalité, pour former avec lui une troisième énergie représentant le meilleur et la force de deux personnes, imparfaites et vulnérables prises séparément.

Trouver un partenaire « idéal » ou du moins qui nous convient est une quête dont plusieurs se trouvent ne jamais en voir le bout. Et quand bien-même le choix de passer le cap se fait, les mariages sont pour ceux qui les côtoient des lieux de douleurs, de responsabilités et d’interdépendance ou de dépendance de l’un vis-à-vis de l’autre qui paraissent difficiles à vivre pour ceux qui n’y sont pas.

Par rapport à leurs vécus, leurs perceptions ou à leurs conditionnements, certains préfèrent le célibat transitoire ou définitif. Bien qu’ils puissent en avoir toutes les justifications, ils subissent une réelle pression sociale. Dans la société congolaise, par exemple, les femmes mariées sont louées et célébrées tandis que celles qui sont célibataires doivent nécessairement se justifier de leur statut matrimonial.

Souvent reléguées au rang de maîtresses ou de briseuses de foyers, de libertines ou de femmes insoumises ou indépendantes, toutes les étiquettes sont bonnes pour les faire culpabiliser de leur choix ou de leur non-choix. Ainsi, à Brazzaville, par exemple, l’acquisition d’un logement se voit parfois conditionnée du critère d’un engagement marital ou familial. Une femme sans mari ne peut avoir accès à certains biens à Brazzaville, même quand elle est rénumérée. Le mari représenterait alors la garantie d’une solvabilité malgré les temps de vache maigre et la preuve de la bonne moralité de cette femme qui ne se livrerait donc pas à des activités nocturnes peu recommandables.

En République démocratique du Congo, des internautes ont franchi l’écran de verre en allant encore plus loin dans une touchante vision du célibat féminin : « Mwasi oyo azangi mobali aza popi ». Traduction, « Une femme sans époux est une barbie ». Une assertion qui démontre à suffisance l’étroitesse d’esprit de plus d’un Congolais qui grandit assurément les difficultés exprimées ou non de milliers de femmes qui ne sont pas libres de considérer le célibat comme une norme.

Aux hommes faits, forts de leurs diplômes et leur engagement professionnel, les mamans bienveillantes suggèreront de manière subtile : « Je suis vieille, mes cheveux blanchissent, quand me feras-tu l’honneur de porter dans mes bras mes petits-enfants ? » Soulevant au passage la question de la fertilité ou infertilité souvent attribuée, même sans examens biologiques, à la jeune épouse ou future épouse. Ces malaises, non-dits et pressions, si mal gérés par les futurs époux, finiront par s’exprimer à un moment ou un autre dans le foyer. Le mariage ne devrait rester qu’un choix, mûrement réfléchi, un engagement pris en connaissance de cause et en maturité d’esprit et de cœur.