Manifeste de Brazzaville : les Congolais s’en souviennent

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Le 27 octobre 1940, dans le « Manifeste de Brazzaville », le général De Gaulle créait le Conseil de défense de l’Empire, un pouvoir nouveau qui assura la charge de diriger l’effort français dans la guerre. L’historien et écrivain Hopiel Ebiatsa revient sur les péripéties de ce manifeste.  

Capitale de la France libre, haut lieu de la Résistance africaine contre l’occupation de la France par l’Allemagne nazie, beau rôle historique et grand destin aurait-on pu dire pour cette cité du cœur de l’Afrique noire fondée, il y a 142 ans par Pierre Savorgnan De Brazza, écrit Hopiel Ebiatsa. C’est, en effet, à Brazzaville que le 7 septembre 1940, trois mois seulement après l’appel du Général De Gaulle lancé de Londres, que le colonel De Larminat créait pour la première fois la flamme nationale, emblème du combat mené par les forces de la France libre qui, quelques années plus tard, allaient dévorer les espoirs nazis. A ce moment dans l’hexagone, les voix s’étaient tues. « La France, la vraie, n’y était plus. Elle était ailleurs, là-bas dans Brazzaville, cette localité d’un petit pays d’Afrique centrale que nous ne saurons décrire si ce n’est qu’une ville humaine qui parle au cœur avant qu’à l’esprit, une ville où l’on n’arrivait pas mais d’où l’on partait », explique Hopiel Ebiatsa.

L’écrivain indique que c’est aussi Brazzaville qui, après l’appel du 18 juin 1940, eut l’insigne honneur de permettre au général De Gaulle de parler au monde. Une plaque de bronze le rappelle encore, rue Lamothe, à l’endroit de l’ancien immeuble où débuta « Radio-Brazzaville« , en 1935. On peut y lire : « Hommes de toutes conditions, respectez ce modeste lieu. C’est ici que le plus grand des Français, Charles de Gaulle, fit ses premières émissions sur le sol de la France libre ».

C’est toujours à Brazzaville que, comme pour répondre à la sinistre poignée de main du 22 octobre 1940 à Montoire par laquelle la France courbait l’échine et souscrivait à l’abominable, que le 26 octobre, le général De Gaulle, dans un discours nourri, appelait les Français libres, Français de Brazzaville, les peuples indigènes fidèles à la France, à faire bloc pour la guerre…, indique l’écrivain historien. Ainsi donc, le 27 octobre, dans le « Manifeste de Brazzaville », il créait le Conseil de défense de l’Empire, un pouvoir nouveau qui assura la charge de diriger l’effort français dans la guerre. Ce jour et à cette heure-là, les troupes africaines de Brazzaville se doutaient-elles de la fabuleuse aventure qui les porterait depuis les rives du Stanley-Pool sur le fleuve Congo, par le Tibesti, Mourzouk et Koufra, jusqu’aux rives méditerranéennes ?

« C’est pour ces dizaines voire ces centaines de milliers de soldats africains mobilisés, dont nombreux tomberont au front sur les terres de la France occupée, offrant leur vie sur les plages de Provence et sur le sol de bien de villes de France, c’est en hommage à leur courage et à leur dévotion que nous avons choisi de parler de cette ville qui a donné à la Résistance une assise territoriale où devait prendre corps l’idée de poursuivre la guerre contre l’Allemagne. Loin d’être seulement connue pour ses récurrentes turpitudes politiques, Brazzaville est, il faut oser le dire, l’écrire et aussi l’enseigner, un livre dans lequel ont été écrites les plus belles pages de l’histoire de la libération. Car, ces hommes qui quittaient les terres ralliées d’Afrique étaient des hommes porteurs d’espoir, des hommes destinés à affranchir la Mère-patrie de la servitude nazie et à restaurer sa grandeur », a fait savoir l’historien et écrivain Hopiel Ebiatsa.

Avant d’ajouter qu’aujourd’hui, les Brazzavilloises et les Brazzavillois n’ont pas oublié. Entre Goma Tsé-Tsé et la Djiri, au cours d’une conversation, une voix s’élève et quelqu’un dit : « Vous souvenez-vous, quand Brazzaville était la capitale de la France libre et que De Gaulle était venu…?».