Il en est des tracteurs comme de l’huile de palme. Les produits industriels et agricoles estampillés « Wily Etoka » au Congo-Brazzaville ont un dénominateur commun : ils sont introuvables sur le marché. A l’instar de Pierre Otto Mbongo, Ossété Jonas, Gabriel Bopaka Peinture et Paul Obambi, des hommes d’affaires fabriqués de toute pièce par le pouvoir, dans le but de s’accaparer de tous les leviers économiques, politiques et sociaux du Congo-Brazzaville, Willy Etoka coche toutes les mauvaises cases pour être un capitaine d’industrie.
Famille, pouvoir et argent
Claude Wilfried Etoka vibrionne dans le clan Sassou devant les yeux atterrés des populations du Congo-Brazzaville. Autour du « pseudo big boss » gravite une nébuleuse d’opérateurs économiques qui se sont faits, tout ou en partie, grâce au khalife d’Oyo Denis Sassou Nguesso, enferré dans le tribalisme, l’ethnocentrisme et le clanisme. Willy Etoka est un faux amoureux et un vrai caméléon. Claudia Sassou est tombée sous son charme. Denis Sassou Nguesso le soutient comme la corde soutient le pendu. Les contrats pleuvent. Il n’y en a que pour Willy Etoka. Et pourtant, rien ne fonctionne. L’attelage ne prend pas. On ne peut pas faire boire un âne qui n’a pas soif. Le séjour d’un tronc d’arbre dans un fleuve ne le transforme pas en caïman. En dépit des faveurs et des avantages de la part de Denis Sassou Nguesso, les entreprises de Willy Etoka se soldent par un échec. Un ministère qu’on soutient est un ministère qui tombe ( Talleyrand). Tout ce qu’il touche se transforme en plomb. L’aveu a été fait publiquement par Denis Sassou Nguesso lui-même à l’occasion du discours sur l‘état de la Nation le 28 novembre 2023 devant les membres du Parlement réunis en congrès.
Tracteurs made in china
Le Congo, confronté à la réalité et pour pallier les insuffisances, comptait sur la société de Willy Etoka, censé contribuer et participer à la mécanisation de l’agriculture, mais elle n’a pas tenu ses promesses. La société Eco-Camako de Willy Etoka inaugurée officiellement dans la zone industrielle de Maloukou avec une exposition, pour faire joli, de tracteur transporté de la région de la Bouenza, en grande pompe, avec strass et paillettes, le savoir-faire industriel chinois a été appelé à la rescousse. Willy Etoka qui était censé contribuer et participer à la mécanisation de l’agriculture a failli. Le Congo-Brazzaville a passé une commande de 150 tracteurs en Chine pour augmenter les rendement de son agriculture. L’usine de montage des tracteurs située dans la zone économique spéciale de Maloukou tarde à sortir de terre. Après l’huile de palme, Willy Etoka revient avec Eco-Camaco, une usine de montage de tracteurs, installée dans la zone économique de Maloukou (Les dépêches de Brazzaville, 24 avril 2023).
Machine Etoka
Les premiers tracteurs made in Etoka ne sont toujours pas de sortis. La zone économique spéciale de Maloukou sélectionnée pour abriter l’usine de montage et d’assemblage des engins agricole de WillY Etoka est mal dotée en infrastructures électrique, hydraulique et routière. Les agriculteurs du Congo-Brazzaville n’ont jamais entendu le bruit du vrombissement des tracteurs de la société Eco-Camaco de Claude Wilfried Etoka. Les membres du clan de l’Alima étaient fiers de l’enfant de l’avenue Miadéka, vendeur de pneus, beau parleur et affabulateur. Ils sont confrontés aujourd’hui à l’envers du décor. Comme l’huile de palme qui allait inonder les marchés de Brazzaville, Pointe-Noire, Dolisie et Ouésso, Claude Alphonse Nsilou « Tata yombo », Paul Valentin Ngobo et les agriculteurs du Congo-Brazzaville devront s’armer de patience avant de voir déferler et débouler dans les zones agricoles protégées (ZAP) les tracteurs made in Willy Etoka dans la perpective de décupler la productivité agricole afin de relever le défi de la sécurité alimentaire.
Rigobert Maboundou avait fait le coup de l’insuffisance mécanicienne et des semences avariées, Willy Etoka fait celui des engins agricoles introuvables. Il est plus facile de retrouver une aiguille dans une botte de foin que de rencontrer un produit Etoka sur le marché. Les populations du Congo-Brazzaville pointent l’insuffisance du bilan de Willy Etoka en tant que homme d’affaires à la lumière des marchés publics amassés et décrochés sans appel d’offres. Au Congo-Brazzaville dont le taux de croissance est prévu à + 4,4% en 2023 contre +1,7% en 2022, l’importation pour plus de 700 milliards de francs CFA de denrées alimentaires, la pénurie des produits alimentaires et l’inflation des biens agricoles ont encore de beaux jours devant elles. La mécanisation de l’agriculture du Congo-Brazzaville se fera sans Willy Etoka ou ne se fera pas.
Benjamin BILOMBOT BITADYS