Le milliardaire Elon Musk rencontre le ministre chinois des Affaires étrangères à Pékin

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Elon Musk, le patron de Tesla, SpaceX et Twitter, est arrivé ce mardi 30 mai en Chine. Il s’est entretenu avec le ministre chinois des Affaires étrangères. Alors que l’homme d’affaires a exprimé son opposition aux tensions économiques entre les deux puissances et veut étendre ses activités en Chine, cette proximité avec un pays considéré comme un rival soulève des questions aux États-Unis.

Elon Musk est un entrepreneur à succès, et pour cela, il est célébré aux États-Unis. Mais il pose un problème à Washington. Il entretient des liens avec la Chine, pays avec lequel les relations sont notoirement mauvaises. Par exemple au sujet de Taïwan ou encore depuis qu’un ballon espion chinois a été abattu après avoir traversé le ciel américain, rapporte à Washington, Guillaume Naudin.

Depuis des mois, l’administration américaine peine à établir des contacts avec les autorités de Pékin, ce n’est pas le cas d’Elon Musk. Il s’est rendu en avion privé dans la capitale chinoise, Pékin. Il s’est fait prendre en photo tout sourire avec le ministre des Affaires étrangères et, surtout, il fait des affaires.

Les États-Unis et la Chine, inséparables « comme des siamois »

De batteries et voitures, il en était aussi question mardi lors de la rencontre. De son côté, le ministre chinois des Affaires étrangères Qin Gang assure que la Chine s’engage « à créer un environnement économique mieux orienté vers le marché, fondé sur l’État de droit et internationalisé » pour les entreprises étrangères, selon le communiqué.

Le ministre chinois des Affaires étrangères a eu recours à la métaphore, évoquant la nécessité de maintenir le volant « droit », « d’appuyer sur l’accélérateur » dans « la bonne direction » en évitant toute « conduite dangereuse » pour préserver la relation sino-américaine, rapporte notre correspondant à Pékin, Stéphane Lagarde.

Ce à quoi Elon Musk a répondu que les intérêts des États-Unis et de la Chine étaient inséparables « comme des siamois », qu’il s’opposait au découplage et la rupture des chaines de production. Ce qui ne devrait pas plaire à Washington. Les relations sont proches entre Tesla, Twitter et en particulier SpaceX, une entreprise qui s’occupe notamment des lancements spatiaux américains. Les élus des deux bords voient d’un mauvais œil l’influence chinoise dans les affaires d’Elon Musk. À l’automne 2022, Joe Biden disait même que ses relations avec les pays étrangers méritaient d’être examinées.

Premier marché pour la voiture électrique

La Chine est le premier marché mondial de la voiture électrique. Le groupe chinois Tencent est actionnaire du constructeur Tesla et Elon Musk se dit ravi de l’avoir comme partenaire et comme conseiller. Une usine Tesla géante est installée à Shanghai.

C’est la première fois en trois ans que le PDG de Tesla revient en Chine. La visite ce mercredi à Shanghai du plus grand centre de production de voitures de la marque dans le monde devrait être l’occasion de remercier les salariés pour leur résilience pendant les années zéro Covid, les longs mois de confinement l’année passée et pour le maintien de la production. Tesla a vendu près de 440 000 véhicules en Chine en 2022, soit environ un tiers de ses ventes totales.

À cette « gigafactory » de voitures, Tesla a annoncé l’ajout d’une usine de batteries en partenariat avec son fournisseur CATL. Selon Baidu, Elon Musk a vu mardi Zheng Yuqun, le patron du géant chinois des batteries au lithium qui a réalisé 11,59% en 2022 avec le constructeur américain. Tesla doit recevoir une licence technologique de CATL pour pouvoir construire son usine de batterie à Shanghai.

L’autocensure d’un pourfendeur de la liberté d’expression

Les défenseurs des droits de l’homme critiquent notamment les valeurs à géométrie variable de l’homme d’affaires, dont la passion pour la liberté d’expression sans entrave s’interrompt aussitôt que les roues de son jet privé touchent un tarmac chinois. « Elon Musk est actuellement en Chine et n’a pas tweeté depuis 18 heures, ce qui est rare pour lui, remarque Yaqiu Wang sur Twitter, désormais propriété du milliardaire. Malgré sa haine autoproclamée pour la censure et sa volonté de la contester, ajoute la chercheuse à l’ONG Human Rights Watch, il se comporte correctement vis-à-vis de son hôte, le Parti communiste chinois. »

Un Elon Musk attaché au plus grand marché automobile du monde et prêt à s’autocensurer pour en tout cas aller dans le sens des dirigeants chinois.

Avant son arrivée à Pékin, celui qui est aussi le patron de SpaceX avait tweeté sur les progrès du programme spatial chinois, alors que les États-Unis ont interdit la coopération spatiale avec la Chine, ce qui a d’ailleurs conduit Pékin à accélérer son programme de station orbitale « Made in China ».