L’agence de notation financière Standard & Poor’s (S&P Global Ratings) a abaissé mercredi 30 octobre, les notes de crédit souveraines à long et à court terme en monnaie locale du Congo-Brazzaville de «B-/B» à «CC/C». Même sanction pour le rating concernant les emprunts souverains en devises qui passe de «B-/B» à «CCC+/C», assorti de perspectives négatives. Ce qui signifie que d’ici six mois, si la situation financière du pays n’évolue pas, sa note souveraine pourrait être dégradée pour se situer dans la redoutée catégorie de «défaut», celle qui regroupe des Etats en dépôt de bilan
Les perspectives négatives reflètent quelque part, le doute de Standard & Poor’s de la capacité de Brazzaville de rétablir et de mettre de l’ordre dans ses finances publiques à court terme. «Elles traduisent le fait que nous sommes susceptibles de considérer l’échange de dette sur le marché régional annoncé récemment comme une opération en difficulté si elle est mise en œuvre. Cela indique également que les pressions sur la liquidité augmentent le risque d’un non-remboursement ou d’une restructuration de l’unique euro-obligation libellée en dollars du Congo», décryptent les analystes de l’agence de notation.
Le gouvernement congolais a proposé à l’échange toutes ses dettes du marché régional d’une maturité moyenne de trois ans, totalisant 3,8 milliards de dollars équivalents en dette libellée en francs CFA (25 % du PIB en 2024), contre de nouvelles dettes libellées en francs CFA avec des maturités plus longues allant jusqu’à 10 ans.
Capacité limité du gouvernement à se refinancer sur le marché régional
Le coupon et le principal des nouvelles obligations devraient rester similaires à ceux des anciennes obligations. L’échange est ouvert à tous les acteurs du marché, y compris la Banque Centrale des Etats de la CEMAC (BEAC). Les conditions de l’échange seront probablement négociées bilatéralement avec chaque créancier. La BEAC participera également probablement en échangeant ses titres du Trésor.
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L’agence Standard & Poor’s considère que le Congo serait probablement en défaut de paiement en l’absence d’échange en raison de la capacité limitée du gouvernement à se refinancer sur le marché régional et de ses conditions de liquidité serrées. Plus de 60 % de sa dette émise sur le marché régional (27 % de son stock total de dette en 2023) arrivera à échéance avant fin 2026, reflétant des besoins de financement élevés et des échéances de dette courtes. Les taux de souscription des émissions du Congo sont à des niveaux historiquement bas en 2024 à 48 %, et nettement inférieurs à ceux des autres pays de la région CEMAC (Cameroun, Tchad, Congo, Gabon, Guinée équatoriale et République centrafricaine). Les options de financement alternatives sont rares. Le Congo bénéficie actuellement d’une facilité de crédit élargie du FMI pour 455 millions de dollars, mais celle-ci doit expirer en décembre 2024, et elle reste essentielle pour débloquer des financements officiels supplémentaires.
Les analystes de l’agence Standard & Poor’s relèvent également le mauvais bilan récent du Congo-B en matière de remboursement. En mai 2024, Brazzaville a retardé les paiements au-delà du délai de grâce de cinq jours ouvrables sur trois bons du Trésor à court terme d’une valeur de 25 milliards de francs CFA, prétendument pour des raisons administratives. Cela est qualifié par l’agence de notation de défaut potentiel car il s’agissait de créanciers privés.