Denis Sassou Nguesso craint que l’affrontement et Félix Tshisekedi et Joseph Kabila en RDC perturbe sa propre reconduction comme chef de l’Etat congolais, en mars 2021.
Le président du Congo Denis Sassou Nguesso est en route vers son quatrième mandat
Les violents affrontements à Kinshasa entre le Cap pour le changement (CACH) du président Félix Tshisekedi et le Front commun pour le Congo (FCC) de son prédécesseur Joseph Kabila ont des conséquences de l’autre côté du fleuve Congo, à Brazzaville. L’économie de la capitale congolaise étant intrinsèquement liée aux importations transitant par le port de Matadi, les troubles à Kinshasa raréfient l’afflux de denrées alimentaires et surtout de carburant dans les faubourgs de Brazzaville.
Devenu fin novembre président en exercice de la Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale (CEEAC), Denis Sassou Nguesso, surnommé « l’empereur » en Afrique de l’Ouest où il vient successivement d’assister aux investitures des présidents ivoiriens Alassane Ouattara et guinéen Alpha Condé, a été sollicité par l’actuel chef d’Etat de la RDC pour le soutenir dans la crise qui l’oppose à celui à qui il a ravi le pouvoir.
Mais à quelques mois de la remise en jeu de son mandat, en mars 2021, ce sont surtout les potentielles perturbations de sa campagne qui inquiètent le président Sassou. Le chef de l’Etat congolais a ainsi réactivé ses forces de police en redéfinissant dans un décret paru le 8 décembre les rôles de ses dirigeants. Car, après son discours, le 31 décembre prochain, sur l’état de la nation, Denis Sassou Nguesso a prévu de se concentrer en priorité sur sa campagne présidentielle.
Un scrutin soigneusement balisé
D’ores et déjà, son ministre de l’intérieur, le sécurocrate Raymond Zéphirin Mboulou, a préparé le terrain. Après avoir écarté de cette prochaine compétition électorale les candidats les plus menaçants – notamment l’ex-chef d’état-major de l’armée congolaise Jean-Marie Michel Mokoko et l’ex-ministre André Okombi Salissa -, le pouvoir s’est choisi ses propres adversaires lors d’une convention avec l’opposition tenue début décembre à Madingou, dans le sud du pays. Ce sont des opposants dits modérés – Pascal Tsaty Mabiala, Claudine Munari, Guy Brice Parfait Kolelas, etc., – qui devraient, comme lors de la dernière présidentielle de 2016, faire face à l’homme fort de Brazzaville, à la tête de l’Etat depuis trente-six ans
Pour la direction de sa campagne, Denis Sassou Nguesso devrait s’appuyer sur deux proches : son premier ministre Clément Mouamba, revenu début décembre d’un long congé médical en France, et le secrétaire général du Parti congolais du travail (PCT), la formation au pouvoir, Pierre Moussa, chargé de rassurer les militants.
Ces deux personnalités devraient être appuyées par le président – déjà contesté – de la Commission nationale électorale indépendante (CNEI), Henri Bouka, nommé le 14 décembre. A la tête également de la cour suprême congolaise depuis 2018, Bouka, qui a déjà assumé cette fonction lors de la présidentielle de 2016, demeure très lié au parti du chef de l’Etat. En revanche, les membres de la famille du président, dont certains ont été décriés pour leur « intrusion intempestive » dans la gestion des affaires publiques , ont en revanche été écartés de la campagne.