La recapitalisation d’Ecair par la sud africaine Allegiance capital, désormais actionnaire majoritaire à hauteur de 51%, se heurte encore à des impedimenta qui ont fini par rétracter son Chief exécutive officer(Ceo), le sud africain d’origine juive kenneth Mouritzen. Enquête.
« L’Etat s’est engagé à prendre en charge la dette sociale que nous devons régler, puisque ces obligations sont contenues aujourd’hui dans le pacte d’actionnaires qui a été signé par le nouveau conseil d’administration. Nous devons payer la dette bancaire d’Ecair qui est identifiée et nous devons également payer la dette de l’Etat auprès du Certificat de transport aérien (CTA) qui permettra à Ecair, une fois cette dette apurée, de pouvoir revoler », ainsi déclarait, d’un air rassurant, le ministre de la coopération internationale chargé de la promotion du secteur public-privé, Denis Christel Sassou Nguesso.
C’était le 31 mai dernier lors du forum, à Brazzaville, sur le partenariat public-privé. Aussi étonnant que cela puisse paraître, cette annonce a été faite en l’absence du ceo d’Allegiance Capital, pourtant invité vip à ce forum. Interrogé sur cette absence remarquée de Kenneth Mouritzen au forum sur le partenariat public-privé, un proche d’Allegiance capital confie, sans sourciller, » Kenneth Mouritzen a boudé ce forum pour marquer sa désapprobation sur la manière dont s’opère la cession d’actifs d’Ecair à sa société », avant d’ajouter un coup assommoir : »Il se rétracte et est sur le point de se retirer officiellement, par courrier à adresser au gouvernement congolais ».
Pourquoi Allegiance Capital, qui avait pourtant fait preuve de bonne foi en s’engageant à injecter 15 milliards de fcfa pour financer tous les investissements, conformément au cahier de charges contenu dans le pacte des actionnaires, se retirerait t-elle si précipitamment?
Dans une lettre, dont nous avons obtenu copie, adressée au ministre des transports, Allegiance capital se plaint de la différence, depuis janvier 22, d’opinion et d’appréciation qui est faite dans l’interprétation des termes contractuels entre les 2 parties. De l’approche de managériale de la compagnie. Bref, les sud africains ne veulent pas de Beyina Moussa comme directrice générale. Selon un expert de l’Oaci(organisation de l’aviation civile internationale), » L’agrément, par l’Oaci, d’un nouveau dg d’Ecair prendra du temps, surtout que la certification du top management d’une compagnie aérienne est procédurale, avec les certifications des responsables des opérations de vol, sécurité et sûreté… ».
Est-ce qui explique le maintien à ce poste de Beyina Moussa? Possible. Ecair? Sans doute l’un des plus grands scandales politico- économique depuis l’indépendance. Le rapport d’audit conjoint des cabinets Cocoges et Rainbow décrit le palais de mille et une nuits dans lequel vivaient la compagnie et autres faiseurs de roi que l’on appelle à Brazzaville: » les intouchables de la république ».
À quoi ont servi les différents envois d’argent par Kenneth Mouritzen(retrait argent facture des 2 avions en Check control en Afrique du Sud, ticket d’entrée d’allegiance capital au Congo)?
Où est passé le fruit de la vente des 2 moteurs du Boeing 757-200 et 737-200 HB JJH dont l’épave est localisée, selon notre tracking, à Bruxelles?
Pourquoi avoir choisi Allagiance capital, une société au passé lourd au Congo, surtout lorsqu’elle assurait la gestion de Nouvelle Air Congo?
À qui appartient la Pan African Leasing Sarl, domiciliée au Luxembourg ? Faut-il noter, selon de bonnes sources concordantes, que le fisc luxembourgeois s’était rendu à l’adresse indiquée à Paris, où elle aurait trouvé une simple boîte aux lettres. Leur descente à Brazzaville n’a pas permis aux autorités congolaises de l’identifier…
Des questions, rien que des questions auxquelles nous ne pouvons y répondre, au risque de créer un mini tsunami politique.
Alphonse Ndongo, journaliste économique et financier, en spécialisation en télécommunications, Brazzaville).