C’est un tournant historique. La Chine, pays le plus peuplé de la planète, a vu sa population décliner en 2022, selon les chiffres publiés par le Bureau national des statistiques ce mardi 17 janvier. Du jamais vu depuis soixante ans.
« Sept-cent millions de Chinois, et moi, et moi, moi », chantait Jacques Dutronc il y a près de six décennies. La population chinoise a doublé depuis cette chanson, mais l’an dernier, changement de refrain : les décès ont pour la première fois dépassé les naissances en Chine.
Plongeon du taux de natalité
Un total de 1,41 milliard de Chinois ont été recensés en 2022 dans les 31 provinces, régions autonomes et villes de rang provincial que compte le pays, soit un taux de croissance négatif de 0,6 pour 1 000. Les démographes n’avaient pas vu ça depuis 1961 ! La chute finale ? Peut-être pas, mais cette tendance est là pour durer. Après l’autorisation donnée aux couples d’avoir un deuxième enfant, puis un troisième enfant, malgré les allocations à la naissance, le développement des structures de garde d’enfants, l’allongement des congés maternité et même paternité dans certaines entreprises, les campagnes pour décourager les avortements, le taux de natalité a continué de reculer. Ce sont 6,77 naissances qui ont été enregistrées pour 1 000 habitants l’an passé, selon le Bureau national des statistiques. Là encore, c’est un niveau jamais atteint depuis 1949. A ce rythme, la pyramide des âges en Chine aura bientôt une tête de champignon comme chez les voisins sud-coréens et japonais, avec les problèmes liés à une population vieillissante et la perte du nombre d’actifs pour financer les pensions et surtout s’occuper des vieux parents. Et selon l’ONU, l’Inde pourrait passer dès cette année devant la Chine en tant que pays ayant le plus d’habitants.
Coût de la vie
La fin de la politique de l’enfant unique est arrivée tard dans une Chine où le coût de l’éducation et du logement étaient déjà élevés. Ce matin, les commentaires sur le réseau Weibo n’ont pas semblé surpris par cette annonce : « C’est tellement normal que la population diminue, écrit un internaute. Qui veut encore des enfants ? C’est un tel fardeau aujourd’hui. » La montée du chômage chez les jeunes depuis le début de la pandémie n’arrange rien. Le poids des traditions familiales, non plus. Les vacances du Nouvel An lunaire et les retrouvailles en familles qui commencent ce week-end, sont redoutées par les chinoises célibataires qui se voient assaillir de questions : quand est-ce que tu te maries, quand est-ce que tu as des enfants ? Les jeunes femmes émancipées ne veulent plus prendre à elles seule la charge des enfants dans un contexte économique ralenti par trois ans de politique « zéro Covid-19 ».