Le président sud-africain Cyril Ramaphosa a annoncé ce mardi 16 mai que Kiev et Moscou ont donné leur accord pour accueillir une délégation menée par les chefs d’État de la Zambie, du Sénégal, du Congo-Brazzaville, de l’Ouganda, de l’Égypte, et de l’Afrique du Sud.
L’annonce intervient alors que les relations sont tendues entre Pretoria et Washington, suite aux propos de l’ambassadeur américain qui a accusé l’Afrique du Sud d’avoir fourni des armes à la Russie, et que le commandant des forces terrestres sud-africaines est actuellement en visite officielle à Moscou. Avec cette mission, Cyril Ramaphosa espère donc rebattre les cartes.
Le projet, en discussion depuis des semaines, a connu un coup d’accélération ce week-end, lorsque le président sud-africain s’est entretenu avec ses homologues russe et ukrainien. Selon le chef de l’État, les deux camps ont donné leur accord pour recevoir la visite de cette mission pour la paix. Le président sud-africain espère désormais que ce voyage pourra se faire « dès que possible », bien que les modalités soient encore en discussion, pour décider notamment qui recevra la mission en premier.
D’après la Fondation Brazzaville, qui chapeaute le projet, ces six pays ont été choisis de façon à représenter les différentes vues du continent sur le conflit, avec des pays comme l’Afrique du Sud ou l’Ouganda, qui défendent leurs liens avec la Russie, et d’autres comme la Zambie ou l’Égypte, qui ont voté pour le retrait des troupes russes lors de la dernière résolution de l’ONU.
Côté sud-africain, il n’est pas étonnant que Cyril Ramaphosa se soit engagé dans ce projet, lui dont le discours a toujours été, depuis le début du conflit, de réclamer le dialogue et trouver une solution négociée pour la paix, plutôt que de prendre parti pour un camp. Selon Pretoria, le secrétaire général des Nations Unies et l’Union Africaine auraient accueilli favorablement cette initiative.
De nombreuses questions d’organisation en suspens
L’Afrique ne voulait pas rester inactive sur un sujet qui la touche en premier lieu. C’est avec cette volonté que cette mission de paix s’est concrétisée en janvier dans le plus grand secret avec des discussions uniquement entre chefs d’États. Désormais, le plus complexe est le calendrier.
Selon nos informations, Vladimir Poutine aurait proposé qu’elle se déroule en marge du sommet Russie-Afrique fin juillet, les six présidents souhaitent qu’elle se tienne avant, notamment d’ici fin juin, elle est prévue sur quatre jours. La Fondation Brazzaville qui est à l’origine de ce projet indique que la composition de la délégation a du sens avec six États qui ont des positions politiques différentes au sujet de la guerre en Ukraine : soutien à l’un des deux camps ou neutralité.
Si l’Union Africaine a indiqué soutenir cette mission, l’institution et son président en exercice, le chef d’État des Comores, Azali Assoumani ont préféré se mettre en retrait pour ne pas ralentir le processus diplomatique, forcément plus complexe s’il fallait convaincre tous les États du continent. Les obstacles pour la réussite de cette mission de paix sont donc nombreux, le président Cyril Ramaphosa a d’ailleurs indiqué que s’ouvrait désormais la phase des préparatifs.