Le directeur du département Afrique du Fonds monétaire international (FMI), Abebe Aemro Selassie, a évoqué la modernisation de la politique monétaire en Afrique subsaharienne, au cours d’une conférence de haut niveau.
Intitulée « La modernisation des cadres de politique monétaire en Afrique », la conférence a fait le point sur les progrès réalisés par les banques centrales en Afrique subsaharienne. Le directeur Afrique du FMI a qualifié d’ « impressionnants » les progrès réalisés ces trois dernières décennies précédant la pandémie de covid-19. En effet, l’inflation moyenne de la région a diminué d’environ trente points de pourcentage. Au milieu des années 1990, jusqu’à trente pays de la région connaissaient une inflation à deux chiffres. En 2019, la région ne comptait que six pays de ce type, et la plupart d’entre eux étaient aux prises avec un conflit ou une catastrophe naturelle. Cette amélioration de la stabilité des prix a contribué à des résultats économiques moins volatils, à une croissance plus élevée et à de meilleures conditions de vie pour la population de la région. Ce qui constitue aussi un facteur important derrière l’investissement direct étranger dans la région pour développer son potentiel.
Ces progrès ont été réalisés « grâce à l‘engagement des décideurs politiques d’Afrique subsaharienne, qui s’est traduit par les réformes courageuses qu’ils ont entreprises », a déclaré Abebe Aemro Selassie. Des réformes visaient des cadres de politique monétaire fondés sur les prix et une plus grande flexibilité dans les régimes de taux de change ; combinés à des mesures en matière de gouvernance pour rendre les banques centrales plus indépendantes et responsables. Ce qui a eu pour conséquence une réduction drastique du financement monétaire des déficits dans la plupart des pays de la région. En effet, « les réformes de la gouvernance ont permis une plus grande transparence et une meilleure communication des évaluations des banques centrales sur les perspectives économiques et la justification de leurs choix politiques », a souligné le directeur Afrique du FMI. « Elles ont contribué à renforcer la crédibilité des institutions monétaires de la région et expliquent une grande partie des acquis en matière de stabilité des prix », a-t-il ajouté.
Le maintien de la dynamique des reformes
Pour Abebe Aemro Selassie, le maintien de la dynamique des réformes est essentiel pour l’avenir de la région. Il explique : « Premièrement, la modeste reprise prévue après la pandémie de covid-19 sera encore plus menacée si les cadres politiques ne sont pas davantage renforcés pour garantir une réponse appropriée au resserrement des conditions monétaires et financières dans les pays avancés. Deuxièmement, pour réaliser le potentiel à long terme de la région, il faudra maintenir le cap sur l’agilité, la responsabilité et l’intégrité des cadres de politique monétaire et des banques centrales. Il parle de défi de taille, compte tenu du foisonnement d’innovations, telles que la monnaie numérique et le big data, qui font émerger de nouveaux acteurs. Un défi encore plus redoutable lorsque l’on pense aux chocs auxquels on est appelé à être, notamment en raison des pandémies, du changement climatique et des conflits armés ».
Abebe Aemro Selassie est convaincu que ces discussions aideront les banquiers centraux de la région « à relever les défis d’un monde de plus en plus numérisé et instable ».