En Afrique, ces enfants de présidents pourris gâtés

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Le 4 février dernier, le fils de George Weah, célèbre footballeur devenu président du Liberia, était auditionné à Paris après avoir participé à une fête nocturne malgré le couvre-feu. Une illustration supplémentaire que de nombreux enfants de présidents africains se croient tout permis, estime cet éditorialiste burkinabé.

George Weah. Un nom qui ne passe pas inaperçu, tant au Cameroun qu’en France ou en Italie, où l’homme a fait les beaux jours de grands clubs de football, comme le Tonnerre de Yaoundé, le club du Rocher, l’AS Monaco, le Paris Saint-Germain, l’Olympique de Marseille et l’AC Milan, pour ne citer que ces prestigieuses équipes. Unique Ballon d’or africain et premier joueur non européen à remporter, en 1995, ce trophée décerné au meilleur footballeur du Vieux Continent, George Weah est également le seul ancien footballeur élu président de la République [il est devenu président du Liberia en 2017].

Reconnu pour sa courtoisie légendaire, le chef de l’État libérien passait presque incognito, sauf sur le gazon vert, où le virtuose savait tout faire avec un ballon, surtout, marquer des buts. “Il était humble, simple, quoiqu’il fût le meilleur joueur de l’équipe”, se rappelait encore le professeur Essomba Eyenga, président du Tonnerre Kalara Club, qui a fait la gloire du Cameroun sur l’échiquier continental il y a quelques décennies.

De George Weah, ceux qui l’ont connu et côtoyé comme coéquipier ou voisin de quartier n’en disent que du bien. Même ses adversaires à qui ils donnaient le tournis sur le terrain ne disent pas le contraire. En somme, “Mister George”, c’était l’homme au contact facile et qui savait conjuguer, comme nul autre, l’expression “se faire discret”. Même président, George Weah descend encore sur le terrain comme un simple footballeur pour caresser le ballon rond, toujours animé d’un bel esprit d’équipe.

Les frasques de George Weah Junior

Mais, comme d’autres pour lesquels être “fils de président” est un passe-droit naturel et le sésame de tous les abus, [son fils] George Weah Junior s’est donné pour sport favori de jouer dans la cour, non des grands, mais des hors-la-loi.

Il excelle en organisant des fêtes en pleine crise et restrictions sanitaires : l’enfant du président libérien ne se fixe aucune limite. Quitte à s’acquitter, régulièrement, des contraventions qu’imposent ses écarts. Mieux, il brandit toujours son passeport diplomatique au cours de ses interpellations par les forces de l’ordre.

Sauf que, contrairement aux fois précédentes, le coutumier du viol des gestes barrières, depuis le premier confinement, a été, ce 2 février, interpellé et même arrêté pour “outrage” et “rébellion” et convoqué ce jeudi 4 février au commissariat [RFI a révélé que le fils du président libérien avait été auditionné puis relâché sans qu’aucune poursuite ne soit exécutée contre lui, après une fête nocturne à laquelle il participait en dépit du couvre-feu].

Des petits tout permis

Certes, l’affaire ne constitue point une première dans l’histoire de ces enfants de présidents qui se croient tout permis. Dans certains pays africains, pour ne pas dire la plupart, ces rejetons, persuadés d’être des intouchables, ne s’interdisent rien. Ils sont même protégés par des fonctionnaires zélés, prêts à tout pour rester dans les bonnes grâces du “chef”.

Parfois, pour ne pas dire souvent, ils sont à l’origine des pires scandales, que ce soit dans les mœurs et, même, en politique ou dans les affaires nationales, où, en principe, ils n’ont rien à faire. George Weah Junior ne fait donc que perpétuer des impairs, qui non seulement sont impunis, parce que perpétrés par le fils du président, mais qui valent aussi parfois à des citoyens lambda la descente aux enfers, organisée par une justice aux ordres.

Enfants très influents

Combien les frasques d’un Teodoro Nguema Obiang Mangue, dit Teodorin, n’ont-elles défrayé la chronique, que ce soit en France ou dans sa Guinée équatoriale natale, dirigée d’une main de fer par son père ? Que dire du buzz récemment créé sur les réseaux sociaux par les images du fils de l’ancien président malien, Karim Keïta, qui festoyait avec ses amis, en bonne compagnie, dans un pays européen ?

La liste est loin d’être exhaustive, car ces hommes ou ces femmes qui n’ont pour tout mérite que celui d’être des “enfants de” sont nombreux et ne se fixent pas la moindre ligne Maginot. Question : arrive-t-il aux parents de recadrer ces enfants présidentiels qui se donnent tous les droits ? Ainsi va l’Afrique, au nom du père, et du fils !

Morin Yamongbe