Des sanctions après le voyage raté de Sassou à Dubaï

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L’information sur le limogeage du secrétaire général du ministère des affaires étrangères, André Poh, et de l’ambassadeur du Congo en Égypte, Akoulafoua M’voula Célestin Jean Paul, circulait encore sous le manteau en fin de semaine dernière. Nous en avons eue vent et attendions qu’elle soit officielle. Ce qui est chose faite depuis le lundi 19 février, ainsi qu’en témoignent les 2 notes de service, dont nous avons obtenu copie, qui mettent fin aux fonctions des deux diplomates congolais.

« Une sanction, explique un diplomate de carrière, qui fait suite aux ratés diplomatiques observés lors du récent séjour du Chef aux Émirats Arabes Unis ». Mais pas vraiment une surprise pour ceux qui suivent de près la diplomatie congolaise. Cette défaillance de la diplomatie congolaise est-elle significative, représentative de la façon dont le Congo et principalement les responsables du ministère des Affaires étrangères gèrent leurs relations internationales ? Les diplomates congolais en poste à l’étranger sont-ils bien relayés auprès de leur ministère et auprès du Palais du Peuple pour traiter certaines questions qui sont du domaine quasi exclusif du Chef?

En ce qui concerne le récent séjour de Denis Sassou Nguesso aux EAU, la communication diplomatique aurait fait défaut, confie un expert en relations internationales. Selon les usages, explique t-il, il s’agit d’un problème qui relève de la pratique diplomatique, dans son volet, communication diplomatique.

L’arrivée d’une autorité, comme le président de la République, dans une juridiction implique que la mission diplomatique dans le pays d’accueil soit informée bien avant, avec pour obligation d’informer, au travers d’une Note Verbale, les autorités du pays d’accueil (que l’on visite), lesquelles auront à leur tour la responsabilité de prendre toutes les dispositions nécessaires. Après quoi, l’autorité, en l’occurrence le président de la République, effectue le déplacement en toute quiétude. Selon certaines indiscrétions, il semble que cette mission cardinale qui incombe au secrétaire général n’a pas été faite. Vrai ou faux? « D’où la déconvenue diplomatique subie récemment par notre président dans un pays sous juridiction de l’ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire du Congo en Egypte », croît savoir notre expert. Quoiqu’il en soit, le président congolais s’est tout même entretenu avec son homologue des Émirats arabes unis, Cheikh Mohammed ben Zayed Al Nahyane. Au menu des discussions: des accords économiques, mais aussi l’épineux dossier libyen.

Coté off, la défaillance observée ne pouvait que déboucher sur une prise de décision forte, notamment le limogeage des diplomates concernés. Et le ministre des Affaires étrangères alors? S’interroge t-on dans certains milieux politiques proches du pouvoir à Brazzaville.

Une diplomatie écartelée entre 4 personnages

À la suite de l’annonce de cette décision, des fins limiers de la diplomatie n’hésitent pas à parler d’un dysfonctionnement au sein même du ministère des Affaires étrangères, de la Présidence de la République et du ministère de la coopération internationale et de la promotion du partenariat public-privé. Qui plus est, d’un manque de communication et de partage de l’information, notamment entre quatre personnages clés, Bienvenu Okiemy, Françoise Joly, Denis Christel Sassou Nguesso et Jean-Claude Gakosso, respectivement conseiller diplomatique du président de la République, conseillère et représentante personnelle du président de la République pour les affaires internationales, ministre de la coopération internationale et de la promotion du partenariat public-privé, et enfin ministre des Affaires étrangères, de la Francophonie et des Congolais de l’étranger. Selon certains, « aucune forme de communication cohérente ne semble exister et chacun d’eux agit de manière plus ou moins autonome ».

Pour s’en convaincre, un flash back sur une bourde diplomatique: comment Beijing a t-il jugé le récent activisme diplomatique ( de bon aloi?) du ministre de la coopération internationale auprès de Tokyo, sans représention diplomatique à Brazzaville, surtout au moment où Washington compte sur son allié japonais pour soutenir Tawan, la province chinoise ? Il faut noter que la Chine et le Congo sont engagés dans une coopération sexagénaire, érigée en modèle de « partenariat stratégique « . Visiblement un manque de collaboration et de partage d’information entre les différents pôles diplomatiques du Congo explique parfois le manque de tact( diplomatique) dans la gestion certains dossiers.

Comme pour y remédier, le Comité de coordination de la politique extérieure du pays vient de tenir sa première réunion. L’on s’achemine vers la mise sur pied d’un organe placé sous le contrôle du ministère de la coopération internationale et de la promotion du partenariat public-privé. En d’autres termes, le ministre des Affaires étrangères doit, au préalable, s’en référer à son collègue de la coopération internationale en matière de gestion de la politique extérieure.

A. Ndongo, journaliste économique et financier