L’ancien dictateur centrafricain François Bozizé est accusé par le pouvoir en place d’avoir tenté un putsch après sa disqualification par la cour constitutionnelle à la présidentielle du 27 décembre. Pour ce faire, Bozizé s’est servi d’une coalition de groupes armés qui ont lancé une offensive dans plusieurs localités de l’Ouest du Pays. Selon des câbles diplomatiques à Bangui, François Bozizé et les groupes armées ont reçu un soutien financier et matériel important du dictateur congolais Denis Sassou Nguesso.
Quelques semaines avant, François Bozizé avait séjourné discrètement à Edou, au nord du Congo, village natal de Denis Sassou Nguesso. L’ex dictateur centrafricain, pourtant en froid avec Denis Sassou Nguesso après sa chute, avait fumé le calumet de la paix dans son rêve de reconquérir le pouvoir à Bangui.
Denis Sassou Nguesso, s’inquiète de n’avoir pas le contrôle sur l’actuel président Faustin Touadera, plus proche des Russes et loin de l’influence du Quai d’Orsay du nuisible Yves Le Drian. Le Congolais aurait donc selon les diplomates en poste à Bangui, financé les groupes armées via François Bozizé dont les hommes ont été démobilisés depuis sa chute. C’est par la frontière congolaise que le Centrafricain avait d’ailleurs regagné Bangui après des années d’exil.
Plusieurs sources indiquent que les leaders des trois principaux groupes armés, qui occupent la grande majorité du territoire centrafricain mènent une offensive dans le nord et l’ouest du pays. Une offensive qui pourrait menacer la capitale Bangui.
Les membres de ces groupes armés décident « de fusionner tous mouvements en une seule entité, désignée Coalition des patriotes pour le changement (CPC), placée sous commandement unifié », ont annoncé les trois groupes dans un communiqué publié, ce samedi (19.12), en invitant « d’autres groupes armés à adhérer. »
Les groupes armés centrafricains menacent la tenue des élections présidentielle et législatives.
Cette annonce survient à moins de dix jours des élections présidentille et législatives du 27 décembre.
« François Bozizé se trouve actuellement aux abords de la ville de Bossembele (à 150 km au nord-ouest de la capitale, ndlr) dans l’intention manifeste de marcher avec ses hommes sur la ville de Bangui », a déclaré le porte-parole gouvernemental, Ange-Maxime Kaagui. « Il s’agit manifestement d’une tentative de coup d’Etat que le gouvernement tient à dénoncer en cette période électorale », a-t-il ajouté. M. Kazagui a accusé les troupes de François Bozizé d’avoir « assassiné lâchement 3 gendarmes », ainsi qu’un militaire du génie, sans donner davantage de précisions.
La tension monte
Il a également dénoncé une « entreprise suicidaire dont le seul but est de remettre en cause la décision de la Cour constitutionnelle », qui a invalidé récemment la candidature de M. Bozizé à la présidentielle. Alors que le premier tour des élections présidentielle et législatives est prévu le 27 décembre, mais que l’opposition craint des fraudes massives, cette coalition menace désormais la capitale Bangui d’un blocus à distance.
La Centrafrique a été ravagée par la guerre civile après la chute de François Bozizé en 2013, et les affrontements entre Séléka et milices chrétiennes et animistes antibalaka avaient fait des milliers de morts.
La Minusca rassure
Les Casques bleus sont « en alerte maximale » pour empêcher les groupes armés « de perturber les élections », a déclaré la Mission des Nations unies en Centrafrique (Minusca) dans un communiqué publié vendredi. Selon des sources humanitaires et onusiennes, les groupes armés se sont emparés vendredi de plusieurs localités situées sur les axes qui desservent Bangui.