Basilique Sainte-Anne : un écrin de beauté au cœur de Brazzaville

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Brazzaville, Congo: Basilica of Saint'Anne of Congo - north side and gardens seen from Avenue de l'Independance - Nabemba tower on the left - Basilique sainte Anne du Congo - architect Roger Erell - Poto-Poto - photo by M.Torres

Ancienne capitale de l’Afrique équatoriale française, Brazzaville recèle de trésors en termes d’histoire et de charme. Trait d’union entre différents personnages, lieux et époques de l’histoire de la Francophonie, la basilique Sainte-Anne est le symbole d’un désir de rencontre entre les peuples qui ont fait l’histoire de la capitale congolaise.

Née de la rencontre entre le prêtre Charles Lecompte, l’ancien administrateur des colonies Félix Eboué et l’architecte protestant Erell, à l’orée des indépendances, la basilique Sainte-Anne est un lieu de rencontres, de croisement de cultures entre le Centre-ville de Brazzaville, quartier alors européen, et Poto-Poto, quartier africain.

Son architecture sera, d’ailleurs, dédiée à cette mixité, entre d’une part, le plan en croix latine des églises catholiques européennes et, d’autre part, la forme des cases-obus du Tchad, alors symboles de l’Afrique équatoriale française dans les expositions africaines en Europe.

Les travaux de construction de cet édifice ont duré environ un demi-siècle, attendant d’ici et là la contribution des âmes sensibles à l’accomplissement de ce chef-d’oeuvre qui associera aussi les paroissiens de la basilique Sainte-Anne d’Auray à qui elle est affiliée par une célébration solennelle d’adoption le 26 mai 1946, dans le Morbihan.

La basilique Sainte-Anne devient ainsi un héritage bilatéral de la France et de ses colonies, mais aussi et c’est là où l’histoire est intéressante, à une époque encore coloniale, ces travaux se présentent comme la prévisualisation d’un rapport d’égalité humaine entre colons et colonisés, entre la France et ses colonies.

Le général Charles de Gaulle, alors chef de la résistance française lors de la guerre de 1939-1945, trouvera en Brazzaville son plus grand ressourcement pour repousser l’ennemi allemand. Brazzaville sera alors décrétée capitale de la France libre, et le 24 août 1958, le général assistera à une messe en la basilique Sainte-Anne, symbole de l’Afrique équatoriale française mais aussi de la France libre, avant de prononcer ses discours devant la maison commune de Poto-Poto et dans le stade Félix-Eboué, deux ans avant l’accession du Congo à l’indépendance.

Sainte-Anne du Congo a ainsi joué un rôle important dans l’amélioration des rapports entre la France et ses anciennes colonies, mais aussi dans les interactions de leurs peuples respectifs qui ont trouvé à Brazzaville une terre commune, une maison commune.

Des décennies plus tard, le Centre-ville de Brazzaville et le quartier de Poto-Poto ont réussi le pari de la rencontre des cultures. Ils ont gardé cet héritage de la rencontre culturelle entre Européens et Africains, non seulement Congolais mais Africains issus de tous les corps de l’ancienne Afrique équatoriale française et au-delà.

Restaurée dans les années 2000 après les tragiques événements qu’a connu la capitale, Sainte-Anne aujourd’hui reste un endroit d’un charme fou qui séduit tout le monde, quelle que soit la nationalité. Le cœur de l’église est un endroit d’une quiétude incroyable, d’autant plus en plein cœur de la ville. Cette quiétude apaise et est le signe qu’au-delà des travaux des hommes, la providence a posé son sceau et initié cette volonté dans le cœur de ses acteurs pour réconcilier des peuples ayant autrefois des rapports à couteaux tirés.

Pour les chrétiens comme pour les non croyants, Sainte-Anne est avant tout un monument historique, sacre de l’histoire de Brazzaville, et devrait figurer dans la liste des incontournables lieux à visiter pour les amoureux de ce pays, dans toutes ses facettes.