Aménagement urbain : des résultats mitigés pour le Durquap

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Le Projet de développement urbain et de restructuration des quartiers précaires (Durquap) a clos ses activités, le 30 décembre, après cinq années d’exécution. Si ce projet financé par la Banque mondiale a permis l’accès aux infrastructures et services de base dans les quatre quartiers précaires ciblés, il n’a cependant pas atteint son objectif qui était de renforcer les capacités des municipalités et de générer des activités génératrices de revenus pour la population défavorisée, selon un rapport indépendant.

Lancé en avril 2017 dans la continuité de l’ex-Projet eau, électricité et développement urbain, le Durquap a coûté 80 millions de dollars, soit près de 50 milliards de FCFA, grâce à un prêt de la Banque mondiale. Deux quartiers précaires ont été retenus à Brazzaville, Sukissa à Ouenzé et Moukoundzi-Ngouaka à Makélékélé, et deux autres à Pointe-Noire, Mboukou à Tié-Tié et Tchiniambi à Loandjili.

L’idée du Durquap était d’améliorer les conditions de vie des habitants des localités bénéficiaires à travers, non seulement la construction des infrastructures de base tels que les marchés, les voiries urbaines, les écoles, mais également de renforcer les capacités des services municipaux en matière de restructuration urbaine et permettre une croissance inclusive. Les investissements prévus devraient favoriser des emplois dans les quartiers et permettre aux jeunes d’accéder au marché du travail, au moyen des formations professionnelles.

L’enquête de satisfaction des bénéficiaires a été confiée à un consultant indépendant, Urbain Tsala. Cet expert en Décentralisation et Développement local a dû effectuer deux décentes de terrain auprès des bénéficiaires, en décembre 2021 et récemment en décembre 2022, en vue d’évaluer l’efficacité du projet.

« La mission juge moyennement satisfaisante l’efficacité du projet. En effet, si l’objectif qui était d’améliorer l’accès aux infrastructures et services de base pour la population vivant dans les quartiers précaires ciblés à Brazzaville et à Pointe-Noire est globalement satisfaisant, il n’en est pas de même pour celui qui était de renforcer les capacités du gouvernement et des municipalités en matière de restructuration urbaine qui est jugé globalement insatisfaisant, particulièrement au niveau des municipalités pour lesquelles le renforcement des capacités en maîtrise d’ouvrage communal n’a pas été au rendez-vous », note le rapport indépendant.

« Le suivi-évaluation participatif n’a pas fonctionné »

Le Durquap est surtout caractérisé par une hypercentralisation de l’unité de gestion, n’ayant pas favorisé l’implication des autorités locales dans le choix des investissements. La participation devrait contribuer à associer les habitants des quartiers dans l’entretien et la sauvegarde des ouvrages construits. « Les comités de gestion et développement communautaire ont même été formés au suivi-évaluation par la maîtrise d’œuvre sociale. Malheureusement, cette formation n’a pas été mise en pratique. En un mot, le suivi-évaluation participatif n’a pas fonctionné », a déploré Urbain Tsala.

Le rapport a fait également état des impacts de certains travaux du projet sur l’environnement, avec des eaux stagnantes et des risques d’inondations. À ce propos, une étude préalable avait alerté sur ces risques, principalement aux quartiers Sukissa et Moukoundzi-Ngouaka, ainsi qu’à Mboukou, qui présentent des cas particuliers. Bien qu’urbanisé avec une grande partie de sa surface bétonnée, le quartier Mboukou est,  par exemple, exposé à l’érosion de la chaussée (jusqu’à 40 cm) causée par les pluies et l’écoulement des eaux. Les fortes pluies provoquent souvent la stagnation des eaux sous forme de flaques persistantes constatée dans le quartier.

Tirer les leçons de ce projet « pilote »         

En matière de construction d’infrastructures de base, le Durquap a pu réaliser 30 km de voirie, construire deux marchés modernes à Sukissa et à Tchiniambi de plus de sept cents occupants, réhabiliter trois établissements scolaires modernes d’une capacité de plus 1200 élèves, embaucher plus de 2700 jeunes sur les chantiers, indemniser environ 4000 personnes et aménager plus de cinq mille hectares des centres urbains à Brazzaville et Pointe-Noire.

Ces réalisations représentent les principaux acquis du projet, selon le directeur de cabinet de la ministre du Plan, Sosthène Likouka. Celui-ci a alors exhorté les membres des comités de gestion de développement communautaire à se montrer positifs quant à l’expérience acquise dans le cadre de la mise en œuvre de ce projet dit pilote. « Cette mise en œuvre du Durquap n’étant qu’expérimentale et tenant compte des résultats auxquels nous sommes parvenus, nous comptons sur le gouvernement de la République, avec l’accompagnement de la Banque mondiale, de dupliquer ce type de projet qui impacte directement et positivement la vie de la population », a-t- il déclaré.

Le même appel a été lancé par le premier vice-président du Conseil municipal et premier adjoint au maire de Pointe-Noire, Louis Gabriel Levisel Missatou, qui a plaidé pour le lancement d’un nouveau projet s’appuyant sur les acquis et les faiblesses du Durquap. Le futur projet devra être axé sur une approche participative et être multisectoriel au lieu d’être sous l’unique tutelle du ministère des Infrastructures (ex-Grands travaux).