L’hôpital de brousse de Madingou

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La nature a horreur du vide. En lieu et place du matériel médical, du personnel soignant et administratif, des patients sous perfusion et des ambulances, Denis Sassou Nguesso a découvert un bâtiment inachevé au milieu d’une petite « brousse ».

Tartufferie

Stupeur. Bon comédien, Denis Sassou Nguesso a joué la carte de la surprise et de l’indignation. Les éléphants blancs érigés par Jean-Jacques Bouya sur l’étendue du territoire du Congo-Brazzaville dans le cadre de la municipalisation accélérée de sont rappelés aux bons souvenirs de Denis Sassou Nguesso en pré-campagne électorale dans la région de la Bouenza. Les images du chantier choisi pour abriter l’hôpital de Madingou envahi par les herbes et transformé en lieu de villégiature des insectes, des oiseaux et des reptiles claquent aux yeux et éclatent comme un boomerang.

La nature a repris ses droits. Le terrain est devenu propice à la pratique de la chasse à courre. La surprise du khalife d’Oyo, Denis Sassou Nguesso, est largement surjouée. Le tintamarre provoqué par les propos de Sassou à la découverte du chantier désaffecté peine à s’éteindre.

La bouille de Bouya

La Bouenza est la dernière région qui a bénéficié de la municipalisation accélérée avec un budget de 450 milliards de francs CFA. D’après les propos de Sassou, les travaux auraient été exécutés à hauteur de 70 % et les fonds décaissés au niveau du trésor public du monarque Albert Ngondo. Or, un chantier exécuté à 70 % n’attend plus que les travaux de finition. Pourquoi Denis Sassou Nguesso ne s’adresse-t-il pas à Jean-Jacque Bouya qui l’accompagnait dans sa tournée afin qu’il s’explique sur cette escroquerie ? Pourquoi la Cour des comptes, l’Inspection des finances ainsi que la Commission des Finances de l’Assemblée et du Sénat n’auditionnent-ils pas le patron de la municipalisation accélérée ? A quand l’audit des grands travaux ? Le contraste est saisissant entre les financements engloutis et l’état des infrastructures. Comment interpréter le mutisme et la discrétion de l’Autorité de régulation des marchés publics et de la direction générale de contrôle des marchés publics quant au désastre financier de la municipalisation accélérée de Jean-Jacques Bouya ?

Grands travaux, grosse arnaque

Le Congo-Brazzaville est endetté à hauteur de 116 % du PIB et 86 % après la restructuration de l’encours de la dette par la Chine. Les derniers chiffres communiqués par Anatole Collinet Makosso indiquent que le taux d’endettement est passé de 62 % à 34 % du PIB. La municipalisation accélérée a été transformée en source d’enrichissement personnel des membres du clan Sassou. Des sociétés fictives de BTP se sont constituées et ont remporté des marchés publics dont les chantiers sont aujourd’hui à l’abandon. Des entreprises, appartenant à des proches de Denis Sassou Nguesso, sans références dans le domaine des BTP ont décroché des marchés publics dans des conditions jamais constatées.

Le processus de passation des marchés publics dans le cadre de la municipalisation accélérée de Jean-Jacques Bouya a souvent scandalisé les populations du Congo-Brazzaville et sapé la confiance dans les dirigeants politiques et les chefs d’entreprise de BTP sans par contre éveiller la curiosité des autorités judiciaires. « 80 %des marchés publics au Congo-Brazzaville sont bidon » avait déclaré Pacifique Issoïbéka. Le nombre de chantiers inachevés dont les financements ont été décaissés est effroyable. L’hôpital aux herbes de Madingou n’est pas une exception, le Congo-Brazzaville de Denis Sassou Nguesso est pavé d’éléphants blancs. Il suffit de parcourir l’arrière-pays pour s’en rendre compte. Les hôpitaux régionaux, les dispensaires et les centres de santé intégré (CSI) sont soumis au même traitement. Le CHU de Brazzaville et l’hôpital Adolphe Cissé de Pointe-Noire ne sont pas mieux lotis. Richard Biléko et Jean Bernard Nkoua Mbon en connaissent un rayon « là où est passée Lydia Mikolo. Jane Vialle de Ouénzé n’a recouvré son éclat d’antan que grâce à la bienveillance et la charité du député Romy Oyo. Idem pour le CSI de Mbanza-Mpoudi dans la région du Pool sorti de terre grâce à Rosalie Matondo.

La stupéfaction de Sassou, c’est l’hôpital qui se moque de l’hospice.

Benjamin BILOMBOT BITADYS