Le Coût social et financier du transfert du Gup au CUT au trésor public

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Le transfert du Guichet Unique de Paiement (GUP) au Compte Unique du Trésor (CUT) représente une charge financière colossale pour l’État, s’élevant à des milliards de FCFA en dettes envers la Banque Postale du Congo (BPC). À cela s’ajoutent les coûts logistiques significatifs et la situation délicate de près de 100 agents de la banque, dédiés au GUP, qui pourraient se retrouver sans emploi. La facture liée à cette opération est indéniablement lourde.

Ce transfert n’est pas sans conséquences sur les plans logistique, social et financier. Un cadre supérieur du ministère des finances, qui se montre critique vis-à-vis de l’utilisation du GUP, a déclaré, sous couvert d’anonymat, que cette décision pourrait précipiter la fin de la Banque Postale du Congo. Cette affirmation a suscité des réactions vives, notamment celle d’un économiste bancaire qui a qualifié cette perspective d’hérésie.

D’après une étude d’évaluation confidentielle à laquelle nous avons eu accès, réalisée par un cabinet international de renom, la Banque Postale du Congo, première institution en affacturage dans la zone CEMAC et qui vient de s’engager dans le crédit-bail, devrait consolider sa position en tant que banque en croissance dans la sous-région.

Les nombreuses réunions interministérielles tenues à la Primature ont laissé entrevoir un transfert imminent du GUP au CUT, dont la date sera fixée par un décret du Premier ministre, Anatole Collinet Makosso. La clôture du compte public ouvert dans les livres de la Banque Postale du Congo suite à un contrat de prestation de services entre cette dernière et la direction générale du Trésor — rémunéré à 0,85 % des recettes fiscales et douanières encaissées par le GUP — n’est pas sans conséquences financières.

Au 10 janvier 2025, le rapport dont nous avons eu connaissance révèle que le montant total des arriérés dus à la Banque Postale du Congo pour les prestations fournies au Trésor public atteint exactement 5.426.082.471 FCFA hors taxes. Ces arriérés incluent les paiements dus depuis juin 2021 et juin 2024 jusqu’à décembre 2024. De plus, il est impératif de transférer vers le compte du Trésor domicilié à la BEAC les soldes des comptes de taxes spéciales (TEL, TCI, CCI, RDI…), représentant plus de 9 milliards de FCFA.

Il est également crucial d’absorber l’intégralité des dettes garanties par des ordres de virement irrévocables, totalisant environ 38 milliards de FCFA. Selon des sources fiables, des défauts de paiement du Trésor ont été couverts par la Banque Postale du Congo en janvier 2025 : un premier défaut s’élevant à 10 milliards et un second à 29 milliards de FCFA, ce qui devrait alourdir encore davantage l’ardoise.

Au fil de notre enquête, il devient évident que la Banque Postale du Congo joue un rôle central dans la mobilisation des ressources financières pour le pays via le marché interbancaire sous-régional. Toutefois, il est difficile d’évaluer précisément le montant impliqué ; un expert gabonais en banque-assurance proche de la COBAC évoque une somme vertigineuse. En français facile, la Banque Postale du Congo joue le rôle d’emprunteur pour une personne à qui un usurier ne peut faire confiance pour un montant très élevé.

En outre, le transfert du GUP au CUT doit également aborder le sort des 72 agents embauchés par la Banque Postale du Congo pour gérer le GUP ainsi que celui des immobilisations corporelles et incorporelles associées à cette opération.

Post Scriptum: Dans le cadre de la suite de notre enquête, nous sollicitons la mise à disposition du rapport de l’Inspection Générale des Finances (IGF) relatif au contrôle des opérations d’encaissement des recettes fiscales et douanières effectuées par le Guichet Unique de Paiement (GUP) depuis l’année 2021.

A. Ndongo, journaliste économique et financier