Réformes des retraites: les lycéens et les étudiants se joignent à la contestation

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En France, jeudi 23 mars, plus de trois millions de personnes ont défilé dans les rues pour s’opposer à la reforme des retraites. À la veille de la dixième journée de mobilisation, prévue mardi 28 mars, la contestation de la réforme des retraites se poursuit. Dans les rangs de manifestants, des nouveaux visages sont apparus avec de plus en plus de jeunes. Des étudiants, mais aussi des lycéens s’associent aux travailleurs.

Les blocages risquent de s’intensifier dans les lycées, puisque les syndicats lycéens appellent à nouveau au blocage à partir de ce lundi 27 mars et pour toute la semaine. Jeudi dernier, 400 lycées étaient bloqués en France, alors que la mobilisation générale a enregistré un net rebond avec plus de trois millions de personnes dans les rues, selon les syndicats. 

« Pour les lycéennes et les lycéens, c’est très important de faire partie de ce mouvement qui est aujourd’hui interprofessionnel, intergénérationnel. Déjà parce que ça nous concerne, du fait qu’on a des proches qui seront très vite concernés. On n’a pas forcément envie de les voir travailler encore plus longtemps, dans des conditions parfois très précaires et très compliquées. Et puis, simplement parce que cette réforme nous touche, c’est notre avenir », explique Charlotte Moisan, du mouvement national lycéen (MNL).

La responsable lycéenne estime que la réforme des retraites fait écho à différentes mesures du gouvernement touchant les lycées : réforme du bac, réforme de la voie professionnelle… « Toutes ces nouvelles réformes qui mettent réellement en danger nos filières, nos futurs métiers et notre retraite », dit-elle, avant de poursuivre : « C’est vraiment une politique qui est menée, qui va à l’encontre de la société qu’on prône. Il y a toujours plus de lycéennes et de lycéens qui entrent dans la mobilisation, en voyant à quel point on ne veut pas nous entendre. Donc, on appelle à la grève et au blocus toute la semaine, pour montrer qu’on est toutes et tous extrêmement déterminés. »

« Un feu qui peut s’étendre rapidement »

Attention, il ne s’agit pas toujours de la même contestation entre les jeunes et les travailleurs, estime Christian Dufour, sociologue et expert du syndicalisme au Centre canadien de recherche interuniversitaire sur la mondialisation et le travail (CRIMT) :

« L’expérience montre qu’on peut avoir des flambées qui sont extrêmement localisées et qui ne durent pas. Par contre, c’est le genre de feu qui peut s’étendre relativement rapidement, assure-t-il. Ce qui semble être en train de se passer, c’est qu’il y a un déplacement de la thématique. La thématique des retraites reste, mais à cela s’est rajoutée une question politique sur le régime, sur la légitimité des pratiques de ce gouvernement. Là, effectivement, il peut y avoir des thèmes qu’un peu tout le monde peut rajouter, les lycéens, les étudiants comme les autres. Il y a plein de thèmes de mécontentement qui effectivement peuvent fournir du combustible pour allumer le feu qui pourrait être en train de prendre. »

Et le sociologue de conclure : « On voit bien que les partis politiques ne sont pas à la hauteur de la chose pour le moment. On ne sait pas qui peut contrôler ce genre de mouvement. Les incidents en la matière, c’est toujours des incidents locaux qui prennent après une tournure qui est une tournure nationale, qui prennent une symbolique nationale. »