Congo : sur 7,3 milliards $ de pétrole vendu en 2019, moins de 8,6% ont été versés au Trésor public

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En 2019, le pétrole de la République du Congo a profité à des grands groupes multinationaux, à des traders et au partenaire chinois. La part réservée aux besoins du peuple qui était déjà faible, a été réduite par des transactions malheureuses.

Le rapport 2019 de l’Initiative pour la Transparence dans les Industries Extractives (ITIE) récemment publié sur le Congo révèle que sur un total de 7,27 milliards $ de pétrole vendu, seulement 624,5 millions $ (361,3 milliards de FCFA), ont été reversés dans les caisses du trésor public national. Cette part représente un peu plus de 8,6%, selon des calculs de l’Agence Ecofin. 

Plus globalement, la part des revenus capturés par l’Etat congolais sur les ventes de ses hydrocarbures en 2019, y compris les paiements sociaux et environnementaux déclarés par les sociétés extractives, les parts de la Société Nationale Pétrolière du Congo (SNPC) nettes d’impôts et divers revenus fiscaux, a été de 1,6 milliard $. Cela représentait tout juste 21% du total.

La part disponible pour le trésor public congolais a été réduite par plusieurs prélèvements qui sont repartis hors du pays, dont 523,5 millions $ pour garantir des projets d’infrastructures construites par la Chine. Une dette qui pourtant était de 2 milliards $ et remboursable sur 20 ans.

Il y a aussi eu un prélèvement de 451,2 millions $ pour le remboursement d’une dette contractée auprès des traders que sont Glencore, Trafigura, et Orion-Oil. A la fin 2019, le Congo devait encore à ces traders 2 milliards $, remboursables jusqu’en 2023.

Le rapport ITIE révèle ainsi que Total Energies a encaissé cette année-là, 2,3 milliards $ de la vente de ses parts du pétrole congolais. Il faut y ajouter diverses commissions facturées pour son assistance aux administrations publiques congolaises. Le deuxième bénéficiaire est Chevron Overseas qui a encaissé 1,25 milliard $ de la vente de ses parts, et le troisième bénéficiaire est la filiale locale du groupe italien ENI qui a encaissé un peu plus de 1 milliard $. Ce dernier a touché aussi divers paiements au titre de transactions financières sur un projet d’électricité. Un prêt qui portait un taux d’intérêt de 18%.

Sur le montant qui arrive finalement dans les comptes du trésor public, une autre part a été ponctionnée par la CORAF, la société nationale de raffinage. Son modèle économique prévoyait qu’elle soit capable de se financer elle-même. Mais à la fin 2019, l’entreprise n’avait reversé au trésor public que 3,6 milliards de FCFA sur plus de 194,6 milliards de FCFA attendus.

Finalement, on constate que la part de revenus pétroliers qui aura été effectivement allouée directement au profit des 5,4 millions de Congolais est plutôt négligeable. Les projets d’infrastructures garantis avec le pétrole qui leur appartient, ne profite que faiblement aux entreprises locales et les 264 logements sociaux construits avec l’emprunt chinois sont loin de répondre à la demande effective des populations.

Ces populations sont même pénalisées de vivre dans un pays producteur de pétrole. Dans la ville de Pointe Noire, le coût de la vie est élevé, en raison de la présence des travailleurs du secteur pétrolier qui ont des moyens de financer leur consommation, contrairement à ceux qui n’ont toujours pas accès, directement ou indirectement, aux revenus pétroliers.