La France a annoncé jeudi qu’elle suspendait ses opérations militaires conjointes avec les forces maliennes « dans l’attente de garanties » quant au retour des civils au pouvoir.
Cette décision intervient après que la junte malienne, le colonel Assimi Goïta, a évincé le président de transition Bah Ndaw et le Premier ministre Moctar Ouane. Un geste interprété par la France comme un « coup d’État inacceptable ».
Le renversement des dirigeants civils a suscité un tollé diplomatique, incitant l’Union africaine et la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) à suspendre le Mali de leurs instances.
Côté malien, on dénonce l’hypocrisie des instances internationales et de la France. Mardi, Youssouf Coulibaly, conseiller juridique d’Assimi Goïta, a souligné le fait que la Côte d’Ivoire n’a fait l’objet d’aucune sanction malgré le fait que le président Alassane Ouattara a remporté un 3e mandat après avoir promis de ne plus être candidat.
Impact sur le plan sécuritaire
Le Mali et la France jouent tous deux un rôle clé dans la lutte contre une insurrection djihadiste qui prend de l’ampleur dans la région du Sahel.
La France dispose d’environ 5 100 soldats au Sahel dans le cadre de son opération Barkhane, qui couvre cinq pays : le Burkina Faso, le Mali, la Mauritanie, le Niger et le Tchad.
La force Barkhane, qui a été lancée après l’intervention de la France pour repousser une avancée djihadiste au Mali en 2013, continuera à opérer mais seule pour le moment, a indiqué le ministère.
En revanche, la force Takuba, dirigée par la France et lancée en mars 2020 pour permettre aux forces spéciales européennes de former l’armée malienne à la lutte contre les djihadistes, sera suspendue.
Un responsable militaire au Mali a déclaré sous couvert d’anonymat que les autorités maliennes avaient été informées de la suspension de la France.
Pour sa part, M. Goita sera officiellement investi lundi en tant que président de transition du Mali, et un nouveau premier ministre devrait également être nommé.