Néo-colonisation : 5 premiers ministres francophones meurent en Europe en moins d’un an

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C’est la conséquence de n’avoir pas assez investi dans la formation et la modernisation des hôpitaux en Afrique qui pousse les politiques des pays francophones à monter dans le premier avion pour la France au premier soucis de santé. En ce qui va de cette année, 5 anciens premiers ministres dont un en fonction sont morts en France. Il s’agit de trois premiers ministres Ivoiriens, un Congolais et un Gabonais.

Le dernier a quitté la terre des hommes en France est l’ancien premier ministre Congolais Clément Mouamba qui a été évacué quelques semaines plus tôt atteint du Covid. Premier Ministre du Congo-Brazzaville entre 2016 et mai 2021, Clément Mouamba, est décédé vendredi 29 octobre des suites du Covid-19 à Paris, où il avait été évacué il y a plus de deux semaines. Il était âgé de 78 ans.

Clément Mouamba qui a eu à gérer la pandémie à son apparition n’a pas pu doter les hôpitaux de son pays des équipements nécessaires malgré l’élan de solidarité qui a permis à son gouvernement de récolter des milliards.

Clément Mouamba

Cet économiste, cadre de la Banque des États de l’Afrique centrale (BEAC), s’était engagé à redresser les équilibres macroéconomiques. Peu avant, il avait rejoint le parti au pouvoir après avoir été exclu de l’Union panafricaine pour la démocratie sociale (UPADS), principale formation d’opposition, pour avoir accepté de prendre part au dialogue national ayant abouti au changement de la constitution.

Clément Mouamba avait également servi le régime du professeur Pascal Lissouba, premier président élu du Congo, dont il a été ministre des Finances entre 1992 et 1993. Depuis 2017, il était également député de la première circonscription de Sibiti, sa ville natale dans le sud-ouest.

Charles Konan Banny

L’ancien premier ministre ivoirien Charles Konan Banny est décédé vendredi 10 septembre de complications pulmonaires et respiratoires liées au Covid-19, à Paris, où il avait récemment été évacué et hospitalisé.

Atteint du coronavirus à Abidjan, il avait été transféré la semaine dernière à l’hôpital américain de Neuilly où il est décédé vendredi, à 78 ans. 

« Il a changé ma perception de la politique ivoirienne et de certains de ses acteurs », a rapidement réagi Guillaume Soro, un autre ancien premier ministre, aujourd’hui en exil. 

Né le 11 novembre 1942 à Divo (sud), ce fils de planteur baoulé (un des plus importants groupes ethniques du pays) est diplômé de la prestigieuse Ecole supérieure des sciences économiques et commerciales (Essec) de Paris.

Après avoir travaillé dans la gestion d’Etat de la filière cacao en Côte d’Ivoire, premier exportateur mondial, il intègre en 1976 la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) à son siège de Dakar, où il gravit tous les échelons. 

Gouverneur par intérim de cette institution (1990-1993), il est confirmé dans ses fonctions le 1er janvier 1994, trois semaines avant la dévaluation du franc CFA, qui jouera un grand rôle dans son image d’« homme de la France ». Il y restera jusqu’à son arrivée en 2005 à la « Primature » ivoirienne.

Cadre du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), Charles Konan Banny, connu pour son caractère « soupe au lait », avait été imposé comme premier ministre à Laurent Gbagbo par la communauté internationale en décembre 2005, un poste qu’il a occupé jusqu’en avril 2007. 

Originaire de Yamoussoukro, ville natale de Félix Houphouët-Boigny, père de la nation ivoirienne et fondateur de son parti le PDCI, M. Konan Banny s’était lancé en 2015 dans la course à la présidentielle contre Alassane Ouattara mais avait finalement jeté l’éponge. 

Amadou Gon Coulibaly

Le Premier ministre, Amadou Gon Coulibaly, est décédé ce mercredi 8 juillet, à Abidjan. Annoncée par Jeune Afrique, l’information a été confirmée dans la soirée par Patrick Achi, le secrétaire général à la présidence ivoirienne, sur les antennes de la RTI.

Transplanté du coeur en 2012, il s’était dit conscient aussi des interrogations qu’avaient soulevées son absence prolongée et son hospitalisation.

Problèmes cardiaques

Le 2 mai, il avait été évacué en urgence à Paris en pleine pandémie de Covid-19 pour des problèmes cardiaques. Pris en charge à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière, il y avait effectué une coronarographie et s’y était fait poser un stent. Mais son séjour, qui devait initialement durer « quelques semaines » s’était finalement prolongé, en raison d’une seconde hospitalisation début juin.

Âgé de 61 ans, Amadou Gon Coulibaly était le candidat du RHDP (au pouvoir) à l’élection présidentielle d’octobre. Il devait être formellement investi début août à Yamoussoukro.

Hamed Bakayoko

Le Premier ministre de Côte d’Ivoire, Hamed Bakayoko, est mort mercredi 10 mars à l’âge de 56 ans dans un hôpital en Allemagne des suites d’un cancer, huit mois après le décès de son prédécesseur. « Je rends hommage au Premier ministre Hamed Bakayoko, mon fils et proche collaborateur, trop tôt arraché à notre affection », a déclaré le président Alassane Ouattara dans communiqué lu à la télévision publique RTI.

Son ascension politique avait vraiment commencé dans les années 2000. En 2003, à 38 ans, il était devenu ministre des Télécommunications et des Nouvelles technologies, un poste qu’il gardera dans tous les gouvernements d’union nationale, sous le régime de l’ex-président Laurent Gbagbo. Avec l’arrivée au pouvoir d’Alassane Ouattara en 2011, Hamed Bakayoko avait hérité du stratégique ministère de l’Intérieur, qu’il avait conservé sous trois gouvernements jusqu’en 2017, réussissant à maintenir l’ordre dans un pays revenant à la paix, notamment grâce à ses nombreuses relations dans tous les milieux, aussi bien parmi les anciens chefs de la rébellion que dans l’opposition. 

Casimir Oyé- Mba

Touché par le Covid-19, il avait été hospitalisé à Libreville avant d’être évacué dans un état critique en France à l’hôpital Paris Saint-Joseph où il est mort, ce jeudi 16 septembre 2021, à l’âge de 79 ans. Casimir Oyé Mba avait été Premier ministre de 1990 à 1994.

Il était une personnalité très respectée. L’ancien président gabonais Omar Bongo dont le fauteuil était menacé après la conférence nationale de 1990 fait appel à lui pour diriger le gouvernement.

Intellectuel chevronné, Oyé Mba devient Premier ministre pendant quatre ans. Très humble, il quitte ses fonctions lors d’un remaniement pour celles de ministre des Affaires étrangères. Oyé Mba enchaine alors les portefeuilles ministériels, dont ceux du Plan et du Pétrole.

Économiste formé en France, où il obtient un doctorat en 1969, Oyé Mba a également été gouverneur de la Banque des États de l’Afrique centrale (BEAC) de 1978 à 1990. Fort d’un carnet d’adresses bien rempli et d’une réputation d’homme rigoureux, celui que les Gabonais appelaient « Cam’ la Classe » pour la finesse de ses idées et le chic de ses costumes, brigue le fauteuil présidentiel après la mort d’Omar Bongo en 2009. Il retire finalement sa candidature à la veille du scrutin en invoquant des pressions.