L’Université Marien Ngouabi a-t-elle perdu sa lettre de noblesse au profit de la corruption ?

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Cela n’est un secret pour personne, le Congo sombre de plus belle de manière dans une corruption accrue à tous les niveaux. L’enseignement supérieur déjà frappé par plusieurs maux tels que les grèves à répétition, le surnombre dans les salles, se voit cette fois s’ajouter l’achat des concours au vu et au su de tous. Les concours directs d’entrée dans les instituts de l’État sont devenus des véritables fonds de commerce pour les responsables de ces établissements qui ne se cachent même plus. Ce niveau de corruption devient clairement une menace destructive pour la qualité des cadres qui sortent de là et cela compromet irrémédiablement l’avenir de notre pays. On ne dénoncera jamais assez cette corruption insidieuse pour accéder à ces instituts du Congo.





Image d’illustration

Mais où va le Congo ? C’est la question que la majorité des congolais se posent devant la corruption imposée par les responsables des différents concours nationaux.  Auparavant, très respectés au Congo, les concours d’entrée dans les écoles supérieures et instituts de l’Etat sont devenus une honte nationale du fait que son accession est confortée par l’achat. En effet, sur la sphère nationale le constat tracé par certains congolais est amer. Notre pays est durement impacté par ces pratiques à tel point que maintenant ces dérives sont commanditées par les plus hautes autorités du pays.

Les scandales se suivent et se ressemblent mais aucune poursuite judiciaire n’est lancée à l’encontre de ces voleurs cupides, on comprend mieux d’ailleurs pourquoi la justice congolaise n’attrape que les petits poissons et les volets essentiels de détournement des fonds n’aboutissent que dans les paroles de la distraction.

Les concours directs au Congo sont devenus un vrai deal économique pour des responsables de ces établissements. Selon les témoignages de certains candidats ayant requis l’anonymat : « La solution pour accéder à ces différents concours est clanique , il faut soit  appartenir à l’ethnie de ceux qui dirigent nos administrations, soit être enfants ou parents d’un ministre ou d’un homme politique de taille dans ce pays, à défaut de disposer d’une énorme somme pour donner à ceux qui gèrent ce concours, avec comme garantie une simple décharge de reconnaissance de perception d’argent qui, bien souvent pose problème de restitution en cas d’échec du candidat puisqu’une telle honte entre le corrompu et le corrupteur ne peut être traité devant la justice. Au pire, même si l’on tente un procès, le système est fait pour que ces hommes ne soient jamais accusés », affirme-t-il.

Ces concours ne seraient plus corrigés, il ne s’agirait que d’une simple formalité car les listes seraient souvent établies avant même que les concours n’aient lieu. « Tout est fait pour que les enfants des autres échouent quelle que soit l’intelligence du candidat », confie un autre candidat malheureux à ce concours.

L’on pouvait apercevoir par exemple, sur la liste des admis au concours d’entrée en première année des filières médecine, sciences biomédicales, santé publique, sciences infirmières et sage-femme de l’année académique 2021-2022, le nom d’un candidat admis se répète deux fois dans la même liste : NGUIE Andréa Sabrina, d’abord au numéro six (6) puis au numéro vingt et un (21), de quoi s’interroger sur la crédibilité des admis de cette liste. Bien que cela soit une erreur de saisie comme on a pu l’entendre, il y a de quoi s’interroger sur une telle erreur venant d’un grand institut comme la Fssa, car comment ont-ils fait pour ne pas se rendre compte qu’un nom s’était répété deux fois ?

De même pour une note d’information émanent de l’Enam qui a défrayé la chronique sur les réseaux sociaux dans laquelle, il est mentionné quatre noms admis par erreur, donc échoués selon le président du jury. Un autre élément, non pas anodin pour attirer l’attention. Cette note a juste conforté les avis de ceux qui remettent en question les conditions d’admission dans ces différents concours et examens. A ce rythme, c’est clair que nous avons à faire à un phénomène particulièrement délétère pour l’avenir du Congo.

Quand la corruption, le clanisme ethnique, le favoritisme est profondément enraciné, trop de jeunes n’entrevoient aucune perspective d’avenir, plus aucun but auquel aspirer ; impossible de participer à la vie sociale, de lui imprimer leur marque, de s’y épanouir ou d’y apporter leur contribution. Ils perdent toute motivation à faire des études, puisqu’ils savent que la réussite dépend des relations et non des capacités. Abandonnant leurs illusions, ils deviennent désengagés, désenchantés. Ils perdent espoir. La corruption empoisonne les âmes.

Plusieurs parmi les admis ne s’y trouvent ni par conviction, ni par intelligence mais plutôt par favoritisme ou corruption. Ces cas de corruptions grossiers ne peuvent que détériorer la qualité de notre système éducatif et rabaisser ce corps dans l’estime des Congolais.

En effet, l’université Marien Ngouabi qui récence déjà d’innombrables problèmes tels que la problématique des effectifs pléthoriques, l’insécurité, les problèmes liés à la vétusté des équipements et des infrastructures d’accueil (salle de classe, logements) autant de manquements qui attendent désormais que des  solutions concrètes de la part des autorités.

Régulièrement épinglé comme l’un des pays où règne la corruption, le Congo est devenu un véritable foyer de cette gangrène. C’est dans l’optique de supprimer ce fléau, que le chef de l’Etat a créé un ministère spécial pour contrer ce genre d’« antivaleur ». Bien qu’il existe déjà une Haute autorité de lutte contre la corruption avec d’importants pouvoirs d’investigation et de saisine à la justice, dirigée par une personnalité indépendante.

De quoi interpeler le Professeur Jean Rosaire Ibara, en qualité de ministre du contrôle d’État chargé de la qualité du service public et de la lutte contre les antivaleurs, à agir pour éradiquer et assainir l’administration congolaise de cette maladie devenue presque endémique.

Madame la ministre Edith Delphine Emmanuel Adouki, ministre de l’Enseignement supérieur, de la recherche scientifique et de l’innovation technologique a aussi sa part de responsabilité face à cette situation, car cela est un défi de plus qui s’ajoute sur la longue liste de problèmes auxquels elle devrait s’attaquer, car chaque année des slogans pour la lutte contre ce fléau pleuvent mais sont souvent sans suite.