Les pays membres de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cémac) sont confrontés à une rareté des pièces de monnaie qui affecte leurs économies. Les mesures dissuasives de la Banque centrale n’ont pas mis fin au trafic et à l’utilisation des jetons dans les salles de jeux.
Depuis 2019, la Banque des États de l’Afrique centrale (BEAC) s’est engagée à prendre des mesures pour prémunir la sous-région contre les risques de pénurie de pièces de monnaie. Le phénomène impacte négativement les activités commerciales, des commerçants et clients se disputant à cause de la monnaie. C’est aussi le cas dans les transports en commun à Brazzaville, où les usagers et les conducteurs de bus ou taxi s’enflamment les uns contre les autres à cause du manque des pièces de monnaie.
La Banque centrale avait promis d’entreprendre des démarches auprès des États de la sous-région en vue d’interdire l’usage des pièces de monnaie dans les salles de jeux et de définir un plan pluriannuel de mise à disposition de ces pièces au profit de la population. Ces annonces n’ont rien changé sur le terrain, puisqu’un réseau de trafic des pièces de monnaie a été découvert au port de Douala, au Cameroun, avec des conteneurs remplis de plusieurs tonnes de pièces, révèle le média BFM Business.
Les enquêtes indexent les investisseurs asiatiques et chinois possédant des machines à sous ou des salles de jeux des pièces de monnaie. Selon le groupe international d’études sur le cuivre, les pièces de monnaie sont trafiquées à cause du métal revendu sur le marché asiatique. Elles sont exportées pour servir à la fabrication des bijoux, des sculptures et des micro-éléments électriques. Le volume de 10 000 FCFA en pièces de monnaie peut être revendu à une valeur de 15 à 20% supérieur à la valeur initiale, d’après la même enquête.
Durant l’année 2023, un lot de monnaie divisionnaire devrait être injecté dans les circuits économiques de la Cémac afin de pouvoir rétablir l’équilibre. Au cours de la session du comité de politique monétaire de la BEAC en mars 2023, l’autorité monétaire a pris la décision de réinjecter 150 millions de francs CFA en pièces afin de juguler la pénurie. Ces initiatives se sont avérées inefficaces au vu de la persistance de la rareté des pièces de monnaie sur le marché.
Une nouvelle tentative, la BEAC et l’Union économique et monétaire ouest-africaine sont entrées en discussions dès le début de l’année avec la Cémac et la Banque de France, qui produit en partie les pièces de franc CFA, pour la production de nouvelles pièces dotées d’un alliage garantissant la sécurité du circuit monétaire.