Dix Palestiniens ont été tués par les forces israéliennes, dont un adolescent de 16 ans, dans un raid militaire mené ce mercredi 22 février, à Naplouse, dans le nord de la Cisjordanie occupée. Au moins une centaine de personnes ont été blessées. C’est ce qu’a rapporté le ministère palestinien de la Santé. L’Autorité palestinienne dénonce cette nouvelle incursion, et appelle à l’arrêt immédiat des agressions israéliennes.
Avec Jénine, Naplouse est considérée comme un bastion de la résistance palestinienne. Encore une fois, les forces israéliennes sont intervenues au cœur d’une ville palestinienne. Une zone urbaine, densément peuplée. « Et tant pis pour les civils », regrette Salem Hantoli, un Palestinien est resté retranché dans l’hôtel qu’il dirige dans la vieille ville. Dans le viseur des forces d’occupation israéliennes : deux combattants affiliés à des groupes armés palestiniens.
« Les Israéliens encerclent des combattants palestiniens dans une maison. De là où je me trouve, je peux entendre les affrontements, les tirs, a constaté Salem Hantoli. Ce sont les forces spéciales israéliennes qui sont déployées ici. C’est assez rare, qu’une telle opération soit lancée en plein jour. Des dizaines de blindés israéliens sont entrés dans Naplouse. Ils ont tiré deux roquettes contre une maison qu’ils encerclent. »
Dans le centre-ville de Naplouse, des jeunes Palestiniens tentent de s’interposer. Des pneus sont brûlés, des projectiles lancés. L’objectif est de stopper l’incursion des forces israéliennes. Mais la ville et ses habitants sont assiégés.
« Tout le monde s’en fiche »
Salem Hantoli déplore l’inaction de la communauté internationale, face à ces agressions. « Tout le monde s’en fiche. 10 Palestiniens peuvent être tués tous les jours, ce n’est un problème pour personne. L’essentiel, c’est que les Israéliens vivent en sécurité. 3, 4, 5,10 Palestiniens peuvent mourir chaque jour, ce n’est pas grave. On est en trop sur cette terre. Notre seule présence ici est une erreur. »
Un autre habitant de Naplouse, qui souhaite rester anonyme déplore les dégâts causés par ce raid : « Ils ont encerclé tout un pâté de maisons dans la vieille ville, et ont quasiment tout détruit. Des immeubles sont éventrés. Tout ça pour deux gars recherchés ? Ils sont prêts à tuer des dizaines d’innocents, pour parvenir à leurs fins. »
Des véhicules blindés, des forces spéciales, des drones, des lances roquettes. « Les soldats de l’armée israélienne ont commis un carnage, s’indigne ce même habitant de Naplouse. Les Israéliens foulent du pied les conventions internationales. Ils ne se soucient ni des Américains, ni des Européens, ni de l’ONU, ni des droits de l’Homme. »
Grève générale annoncée jeudi
L’armée israélienne avait indiqué peu avant 10h30 (8h30 TU) mener une opération à Naplouse, sans donner plus de détails. Les soldats étaient encore là deux heures plus tard. Un journaliste de l’AFP dans le centre de Naplouse a vu des soldats israéliens tirer des grenades de gaz lacrymogène en direction de jeunes Palestiniens, qui ont jeté des pierres sur des véhicules militaire et brûlé des pneus. L’opération a duré trois heures, selon l’agence.
L’année 2023 est particulièrement meurtrière. Rien qu’au mois de janvier, 35 Palestiniens ont été tués par l’armée israélienne, ou par des colons juifs.
Jeudi 23 février, pour dénoncer ces violences, les Palestiniens annoncent une grève générale, dans la plupart des villes de Cisjordanie occupée, et à Jérusalem-est.