Le sommet du G20, qui s’est achevé ce dimanche 10 septembre à New Delhi, a été le sacre des pays émergents. La plupart sont heureux du résultat du rendez-vous. Après l’Inde de Narendra Modi, c’est maintenant au Brésil de Lula d’organiser le prochain rendez-vous prévu dans un an à Rio de Janeiro.
Narendra Modi, Lula da Silva, et même le Russe Sergueï Lavrov s’affichent contents du résultat de ce sommet de New Delhi, rapporte notre envoyée spéciale, Dominique Baillard. Ces nouveaux ténors du « Sud global » s’affirment dans ce G20 jusqu’alors dominé par l’Occident. « Les questions géopolitiques » ne doivent pas faire dérailler les discussions du G20, a déclaré ce week-end le président brésilien, en prenant la présidence tournante du bloc.
En d’autres termes, Lula s’interroge : le G20, est-ce bien l’endroit pour discuter de la guerre en Ukraine ? Et ce n’est pas le seul clin d’œil adressé à Moscou par le chef d’État latino-américain. « On aime la musique, le carnaval, le foot, mais on aime aussi la paix et on aime bien prendre soin des gens, considère Lula. Donc, je crois que Poutine peut venir sans problème au Brésil, même s’il est sous mandat d’arrêt. Tout ce que je peux vous dire, c’est que s’il vient au Brésil, si je suis présent, non, il ne sera pas arrêté. »
Malgré le mandat d’arrêt lancé contre lui, Vladimir Poutine est donc le bienvenu au sommet 2024 du G20. Cette interview diffusée par la chaîne indienne Firstpost a fait le buzz à New Delhi. Elle donne la tonalité de la présidence brésilienne.
Colère de l’opposition au Brésil
Elle a aussi provoqué une levée de boucliers de l’autre côté de l’Atlantique, selon notre correspondant à São Paulo, Martin Bernard. L’opposition a immédiatement réagi aux propos du président. « Lula est irresponsable et fait honte au Brésil en invitant Poutine à la prochaine réunion du G20 à Rio en affirmant qu’il ne serait pas arrêté », a déclaré João Amoedo, fondateur du parti de droite NOVO.
Avec cette déclaration, « le Brésil se range aux côtés des pays autoritaires contre le monde libre », affirme de son côté le député Kim Katiguiri. « Cela ne serait pas seulement un affront vis-à-vis du Tribunal Pénal International, mais cela enverrait un message au monde démocratique ». Lula s’était déjà prononcé sur la guerre menée par la Russie, reconnaissant que Moscou était l’agresseur, mais il souhaite arrêter la guerre par la négociation, et non par une escalade du conflit. Avec ces nouvelles déclarations favorables à Vladimir Poutine, le président brésilien s’éloigne une fois de plus de la neutralité entre la Russie et l’Ukraine.