Pourquoi les américains ont interdit la Turquie de livrer deux drones à 6 millions de dollars à Sassou ?

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Après avoir constaté la « remontada » de l’armée éthiopienne sur les rebelles du Tigré grâce aux drones livrés par la Turquie, l’Empereur d’Oyo qui ne pense qu’aux armes aurait passé une commande express à Ankara de deux drones dont l’utilité a été jugée nulle par les partenaires du pays otomane. Les États-Unis qui ont reproché déjà à la Turquie d’avoir armé l’Éthiopie ont stoppé net cette commande du Congo.

Depuis la victoire écrasante de l’Azerbaïdjan sur l’Arménie grâce notamment aux drones turcs, ces appareils ont la côte. Plusieurs pays en font des commandes pour combattre leurs rebelles, terroristes et parfois même pour juste protéger leur régime autoritaire. C’est le cas du Congo Brazzaville dont la commande de deux drones d’une valeur a été avortée par les États-Unis.

Profitant de sa présence au dernier sommet Turquie-Afrique à Ankara, le ministre Congolais des affaires étrangères Jean Claude Gackosso a eu des entretiens avec les autorités turques sur cette commande de deux drones. Son collègue turc a été obligé de lui annoncer l’impossibilité pour son pays de livrer au Congo les deux drones à cause des fortes pressions exercées par Washington. Le Congo étant un pays en conflit avec aucun de ses voisins et à l’abri du terrorisme.

Sur les 4 millions de dollars que coûtent les deux drones, le Congo aurait proposé 6 millions pour tenter de convaincre les Turques. Mais le pays otomane n’a pas jugé utile de se mettre à dos les États-Unis pour le Congo, contrairement à l’Éthiopie et décliné l’offre.

A Washington, on ne comprend pas cet acharnement de Denis Sassou Nguesso à se militariser alors que son pays traverse une situation financière difficile. Les américains ont donc fait avorter cette vente.

Depuis son retour au pouvoir par les armes en 1997, Denis Sassou Nguesso a une folle obsession sur la militarisation de son régime, gage de sa survie. Son clan tient tous les règnes dans l’administration et occupe aussi tous les postes clés dans l’armée. Avec une milice de plus de 18000 éléments qui lui sert de garde, il se prépare à propulser son fils à la tête du pays.

Et pour ce faire, il a besoin d’avoir une assurance militaire pour faire taire toutes les poches de contestation généralement venant du Sud. Après la mascarade de rébellion orchestrée par le pasteur Ntumi, que prépare encore Sassou Nguesso au sud ?

Les drones TB2 ont été initialement utilisés par Ankara contre les séparatistes kurdes à l’intérieur de son propre pays et de la Syrie et de l’Irak voisines. Depuis lors, ils ont également été déployés au nom du gouvernement libyen internationalement reconnu à Tripoli pour repousser une offensive du commandant Khalifa Haftar, basé dans l’est.

Ils coûtent environ 1 à 2 millions de dollars de temps – un dixième ou moins que le drone US Protector aux spécifications plus élevées – que Washington n’est disposé à vendre qu’à une poignée de pays. Ankara de plus en plus affirmée a rapidement intensifié ses exportations, et la semaine dernière, le Kirghizistan est devenu le dernier pays à passer commande.

Carte des drones de Turquie

La propagation rapide de la technologie des drones en Turquie et la nature autoritaire de certains acheteurs inquiètent certains commentateurs. « Ce que nous voyons, ce sont les conséquences du refus de la communauté internationale de lutter contre la prolifération des drones », a déclaré Chris Coles, de Drone Wars, une ONG basée au Royaume-Uni.

« Les drones échauffent les conflits dans la région parce que les munitions sans pilote abaissent le seuil de la guerre. Un pays peut être condamné pour avoir fourni des bottes sur le terrain pour intervenir dans un conflit, mais il y a beaucoup moins de plaintes s’il fournit plutôt des drones.