Moins de deux mois après le président Emmanuel Macron, la Première ministre française est en Algérie depuis dimanche, pour son premier voyage à l’international. Visite officielle de deux jours d’Elisabeth Borne, accompagnée d’une quinzaine de ministres français, pour poursuivre le réchauffement entre les deux pays, après des mois de tensions diplomatiques. «Une étape pour bâtir des coopérations plus denses encore entre la France et l’Algérie», selon la cheffe du gouvernement français.
Dépôt d’une gerbe au monument des martyrs d’Alger, qui rend hommage aux combattants algériens morts pendant la guerre d’indépendance, puis au cimetière européen. C’est par des gestes mémoriels qu’Elisabeth Borne a entamé sa visite à Alger, où elle a été accueillie par son homologue algérien, Aimene Benabderrahmane.
Ensemble, ils ont ensuite présidé une réunion du comité intergouvernemental de haut niveau. La première depuis 2017. Une douzaine de textes ont été signés, qui concernent notamment les domaines de l’industrie, du tourisme, de l’artisanat, l’agriculture, la création de start-ups et des projets culturels.
En revanche, peu d’avancées sur les questions qui fâchent. Matignon avait prévenu : Elisabeth Borne se concentrera sur les sujets consensuels, rappelle notre envoyé spécial à Alger, Julien Chavanne. Pas d’accord donc sur un assouplissement des visas. Paris attend toujours qu’Alger accélère sur le retour de ses ressortissants expulsés. Mais la Première ministre française l’assure, le dialogue va continuer entre les deux pays. « Ces échanges progressent. Je suis très confiante sur le fait qu’ils pourront déboucher rapidement. »
Idem sur le gaz. Là non plus pas d’annonce sur une augmentation des livraisons vers la France. Même si la question reste sur la table comme l’indique poliment le Premier ministre algérien. « Même s’il n’y a pas eu d’accord signé, ça ne veut pas dire que nous n’avons pas discuté des sujets qui étaient liés et qu’il n’y a pas eu de négociation. Il y aura d’autres visites à venir. »
Concernant le dossier de la mémoire, autre question délicate entre les deux pays, Elisabeth Borne a annoncé que la composition de la commission d’historiens censés travailler sur la colonisation et la guerre d’Algérie devrait être bientôt connue. « Nous avons échangé sur des noms et on est en train de stabiliser la composition. C’est vraiment une affaire de jours. »
Ce comité intergouvernemental est « une opportunité inédite pour commencer à traduire en actes la vision de nos chefs d’État », s’est félicitée Elisabeth Borne, en évoquant la relance de la relation bilatérale décidée fin août par Emmanuel Macron et son hôte Abdelmajid Tebboune. Elle a évoqué trois piliers principaux « pour ce partenariat renouvelé »: l’économie pour « développer le commerce, l’innovation et créer des emplois »; la mobilité et les visas; et la jeunesse via des coopérations éducative et culturelle accrues.
Cette visite « ancre une nouvelle dynamique et un cycle durable qui profitera à nos deux peuples et à leur jeunesses », a déclaré la Première ministre française lors d’une conférence de presse commune avec son homologue. Cette rencontre intergouvernementale est donc surtout un pas de plus vers le réchauffement entre Paris et Alger. Un premier rendez-vous très politique, timide mais positif, censé acter la fin de la brouille.