Mohamed Bazoum avait-il l’intention de s’évader ? Selon le parquet, le président nigérien renversé le 26 juillet dernier et détenu par les militaires depuis aurait fomenté un plan d’exfiltration. Le procureur général près la cour d’appel de Niamey Salissou Chaïbou a pris la parole à la télévision nationale mardi 31 octobre au soir pour détailler ce qu’il qualifie de « faits réels ».
Pour Salissou Chaïbou, les faits sont clairs : dans la nuit du 18 au 19 octobre dernier, Mohamed Bazoum et sa famille ont été interpellés par la garde présidentielle, alors qu’ils se dirigeaient vers la sortie du palais où ils sont retenus. L’objectif aurait été de rejoindre le Nigeria en hélicoptère, mais pas seulement. « Il y a également de l’espionnage et du renseignement sur le dispositif de la garde présidentielle, à travers des prises de vue du camp de la garde présidentielle dont les images sont envoyées aux Français par l’ancien président Mohamed Bazoum », affirme le procureur général près la cour d’appel de Niamey. Selon les avocats de Mohammed Bazoum, ce scénario est « monté de toutes pièces ».
Mais les forces de sécurité nigériennes disent tout de même avoir arrêté 23 personnes : parmi ces « civils et militaires » se trouvent huit étudiants interpellés à leur domicile le 20 octobre dernier. Leurs familles expliquent n’avoir aucune nouvelle de leurs proches depuis. Leur avocat maître Nasser Laouali, s’inquiète pour leur santé, et dénonce une « procédure illégale » : « La procédure est légalement inexistante parce que nul ne sait où ils sont détenus arbitrairement et nul n’a accès à eux. Ni leurs parents, ni leurs amis, ni leur avocat. Moi, depuis le début de cette affaire, quand j’ai été contacté par la famille, j’ai remué ciel et terre pour pouvoir accéder à mes clients, mais en vain. »
Quant au scénario global de la présumée tentative d’exfiltration, maître Laouali estime qu’il s’agit d’une distraction orchestrée par le CNSP pour détourner l’attention des problèmes économiques du pays.