C’est le premier déplacement en Europe pour le président brésilien depuis son investiture en janvier dernier. Arrivé samedi 22 avril, Lula a essayé d’éteindre l’incendie provoqué par ses propos tenus en Chine il y a quelques jours, il ne s’était alors pas montré avare en critiques sur le rôle des Occidentaux dans le conflit ukrainien. Cette fois, à Lisbonne, le ton se voulait plus modéré.
Les deux présidents ont eu beau essayer de mettre l’accent sur les relations historiques entre le Portugal et le Brésil, et la dizaine d’accords bilatéraux qui vont être signés, les journalistes sur place ne voulaient savoir qu’une chose : est-ce que Lula maintenait ses propos selon lesquels les pays occidentaux, en aidant l’Ukraine à se défendre, encourageaient la continuité de la guerre ? Pour Lula, rapporte à Lisbonne, Lucia Müzell, le Brésil cherche la voix de la paix par le dialogue.
« Nous condamnons la Russie pour l’occupation et la violation de ce qui serait l’intégrité territoriale de l’Ukraine, a-t-il déclaré. Nous pensons tous que la Russie a eu tort. Mais je pense que, puisque la guerre est déjà commencée, il faut l’arrêter, et pour le faire, il faut qu’on en discute. »
À ses côtés, le président portugais s’est montré conciliant même si la position de Lisbonne reste fermement alignée sur celle de l’Europe et de l’Otan. Pour lui, les divergences avec Brasilia sur ce dossier « n’affectent en rien » les liaisons du passé, du présent et du futur avec le Brésil. « La position portugaise est différente. Elle entend qu’une éventuelle voix par la paix suppose, d’abord, que l’Ukraine puisse récupérer, si possible tout, de son intégrité territoriale », a souligné Marcelo Rebelo de Sousa.
Redonner une place importante au Brésil
Lula, qui a déjà gouverné le Brésil de 2003 à 2010, souhaite remettre son pays au centre de la géopolitique mondiale et tente de jouer les équilibristes depuis le début de son mandat. Il a voyagé dès février à Washington pour une rencontre à la Maison Blanche avec son homologue américain Joe Biden, et a donc visité récemment la Chine, premier partenaire commercial du Brésil.
Lula bouclera sa tournée en Europe par une visite en Espagne, mardi et mercredi. Ce lundi 24, un forum économique est prévu dans le nord du Portugal, Lisbonne et Brasilia doivent signer 13 accords de coopération notamment dans les domaines de l’énergie, des sciences, de l’éducation et du tourisme. Il prononcera mardi un discours au Parlement portugais lors d’une séance précédant les commémorations du 49e anniversaire de la Révolution des Œillets, qui a mis fin à 48 ans de dictature au Portugal.
La présence du président Lula à Lisbonne n’a pas détourné les Brésiliens des démarches administratives auprès de leur consulat. Beaucoup espèrent une amélioration des conditions d’installation, raconte Marie-Line Darcy, notre correspondante à Lisbonne.
Alison, originaire de Brasilia, est au Portugal depuis un an. Il est heureux de son choix, mais doit faire des sacrifices. « Ce serait vraiment bien peut-être de supprimer l’obligation d’avoir un garant pour les documents, confie-t-il. Car comment faire si on ne connait personne ? On s’en passe et on doit partager une salle avec dix personnes.
Catarina Alves, naturalisée portugaise, veut de meilleures conditions d’immigration pour ses compatriotes : « Ça a toujours été difficile pour les Brésiliens de venir ici. C’est très bureaucratique. Pour le Portugal, c’est l’aubaine de la main d’œuvre dont il a besoin. Ça peut être bénéfique si l’État soutient, car les gens mettent tous leurs espoirs et leurs économies pour se lancer dans une nouvelle vie. »