La vache qui rit
Cette dynamique de l’escroquerie pastorale a commencé en 2019 lorsqu’on préconisa distribuer 875 vaches aux populations pour inciter les Congolais à l’élevage. Si tout s’était bien passé le Congo-Brazzaville aurait obtenu un cheptel de 30.000 têtes au bout de six ans. Mais, comble de cupidité, ce sont des hommes politiques, tapis dans le clan Sassou, qui s’étaient transformés en éleveurs. Conclusion : ce rodéo aviaire a fini en fiasco.
Dans la conscience collective des populations du Congo-Brazzaville, les enfants chantaient « moyibi ya tarot ». Désormais, il y a « moyibi ya ngombé ». Il ne faudra pas parcourir des kilomètres pour débusquer leurs vacheries. In cauda venenum (le venin dans la queue).
Têtes à plume
Ces noms des figures et personnalités qui se sont remplis la panse, bien connues du public. Les populations du Congo-Brazzaville n’avaient pas voulu ou pas pu voir ces éleveurs en herbe (Jean-Jacques Bouya, Gilbert Ondongo, Gilbert Mokoki, Adelaïde Mouhany, Léon Juste Ibombo, Rigobert Maboundou, Pierre Oba, Roch Cyriaque Ngalebaye, Nicolas Okandzi, Bienvenu Okiémi, Pierre Mabiala, Josué Rodrigue Ngonimba, Thierry Roch Okamba, Bernard Tchibambélela, Aimé Emmanuel Yoka, Serge Blaise Zonabia, Charles Richard Mondjo…liste non exhaustive ) gauchos malgré eux.
« Ziana TV »
Les populations du Congo-Brazzaville n’avaient pas vu ces « néo-cow-boys », ne les avaient pas su les regarder comme des voleurs, des prédateurs des kleptomanes, et encore moins comme des « moyibi ya ngombé ». Chantées, encensées, beuglées, meuglées, vénérées et projetées au firmament de la notoriété, on avait oublié que c’étaient des outlaws. C’est cette fascinante et scabreuse histoire de vol de vaches, largement ignorée, que reconstituent et dévoilent Cyr Makosso et Brice Landry Decaux, le crieur de la cuisinette de « ziana TV ».
Métayages
Les hommes politiques copieusement gavés d’avoine, grassement rémunérés par le Congo-Brazzaville piquent dans le cheptel constitué pour le métayage afin d’aider les éleveurs comme le seigneur médiéval les paysans.
Pour remédier aux faiblesses de l’agriculture, de l’élevage et de la pêche au Congo-Brazzaville qui importe les produits alimentaires à hauteur de 700 milliards de francs CFA, Denis Sassou Nguesso et Paul Valentin Ngobo ont trouvé la martingale : le métayage.
L’objectif était d’approvisionner les marchés du Congo-Brazzaville en viande fraîche, en lait, en beurre et fromage.
Le métayage est un mode d’exploitation agricole où le propriétaire et le métayer partagent la récolte, généralement à moitié, le propriétaire fournissant la terre, les instruments et avances, tandis que le métayer apporte son travail. Le métayage a déraillé au Congo-Brazzaville à cause du refus des voleurs de vaches de rembourser en nature les têtes reçues. Le refus de renvoyer l’ascenseur a bloqué ainsi le système, privant les éleveurs aux revenus modestes de disposer d’un petit troupeau, les seigneurs du PCT déguisés en éleveurs s’étant accaparés de tout le troupeau. Le comportement inique des voleurs de vaches de la République qui n’en font qu’à leur tête de mules a brisé la chaîne de solidarité.
Prendre le taureau par les cornes : c’est ce qu’aurait dû faire l’Etat si cette notion avait encore un sens.
Charité bien ordonnée
Rigobert Maboundou, ancien ministre de l’agriculture et de l’élevage qui justifie la faible mécanisation de l’agriculture et de l’élevage du Congo-Brazzaville par « l’insuffisance mécanicienne » figure en bonne place parmi les voleurs de vaches. Autant mettre la charrue avant les zébus, pourquoi i n’avait-on pas disposer d’assistance technique au moment de l’achat hypothétique des engins agricoles ?
C’est également vache ce qu’a fait Adelaïde Mouhany originaire de Mindouli, localité ayant pourtant une longue tradition pastorale et donc bien rompue à la pratique du métayage. Le métayage n’a pas de secret pour elle. Mais même elle a été incapable de faire de ces prêts aviaires si on ose dire « une vache à lait ».
Après avoir dilapidé les pétro CFA, après avoir volé l’argent du bois, après avoir fait main basse sur les minerais, les membres du cheptel de Sassou s’attaquent aux vaches. Qui mettra un terme à cette boulimie ? Pour l’heure les métayers ruminent en attendant la corrida politique de mars 2026.
Benjamin BILOMBOT BITADYS