Les 46 militaires ivoiriens de retour à Abidjan après la grâce présidentielle malienne

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Les 46 militaires ivoiriens condamnés, entre autres, pour tentative d’atteinte à la sûreté extérieure de l’État et incarcérés au Mali, sont arrivés ce samedi 7 janvier en Côte d’Ivoire après la grâce accordée hier par le président de la transition malienne, le colonel Assimi Goïta.

Les 46 militaires ivoiriens graciés par Assimi Goïta sont arrivés un peu avant minuit à l’aéroport Félix Houphouët-Boigny d’Abidjan. Ils sont sortis, agitant de petits drapeaux aux couleurs de la Côte d’Ivoire et ont salué un par un le président Ouattara. Ensuite, ce fut des scènes de liesse et de retrouvailles, a rapporté notre correspondant sur place François Hume-Ferkatadji. Tous les ministres d’État et près de 200 membres des familles des militaires étaient présents. Le camp présidentiel compte bien faire de ce dénouement heureux une victoire politique, une victoire de la diplomatie, répètent en chœur les partisans du RHDP, tentant ainsi de faire taire les critiques sur la gestion d’une crise qui aura duré 177 jours.

Les soldats ont voyagé dans un avion-cargo de l’armée ivoirienne dont la rapidité n’est pas la première qualité, confie avec le sourire un haut-gradé d’où le retard à l’arrivée. Partis de Bamako à 16h50, ils ont d’abord fait étape par le Togo pour rencontrer le président Faure Gnassingbé, médiateur de la crise ivoiro-malienne.

Des témoins dans le camp de la gendarmerie de Bamako où les soldats étaient détenus indiquent que l’annonce de la grâce présidentielle, vendredi soir, a été accueillie avec une joie contenue. Il leur a ensuite fallu ranger leurs paquetages. Leur chef de groupe, le lieutenant Kouassi Sanni Adam, qui conduisait la mission quand ces militaires ont été arrêtés en juillet, a ordonné à ses hommes de rester dignes, rapporte le correspondant régional de RFI, Serge Daniel. Ceux-ci ont affirmé à leurs avocats ne pas avoir été maltraités durant leur détention.

Soulagement

Ces 46 militaires avaient été condamnés la semaine dernière par la justice malienne à 20 ans de prison et 2 millions d’euros d’amende, notamment pour « atteinte et complot contre le gouvernement ». Trois soldates, libérées en septembre, avaient quant à elles été condamnées à la peine de mort par contumace et 10 millions d’euros d’amende.

Tous avaient été arrêtés le 10 juillet dernier sur le tarmac de l’aéroport de Bamako, la junte malienne les accusant d’être des mercenaires armés ayant pour objectif de déstabiliser, voire renverser le gouvernement de transition. Abidjan avait fermement démenti et assuré que ces soldats étaient en mission pour l’ONU dans le cadre d’opérations de soutien logistique à la Minusma. Vendredi soir, le gouvernement malien a annoncé que le président de transition, le colonel Assimi Goïta, avait « accordé sa grâce avec remise totale de peines aux 49 ivoiriens condamnés par la justice malienne ».

« On ne peut pas comprendre cette condamnation, parce que, pour nous, tout était inscrit dans une logique de fraternité et de solidarité, souligne Yéo Pépégaligui, porte-parole du mouvement de soutien « Nous sommes 49 ». Pour nous, c’était une injustice, vu les relations séculaires entre nos deux pays. Nous avons donc accueilli l’annonce de cette grâce accordée aux 49 soldats avec joie. » 

Abidjan et Bamako affichent leur volonté de normaliser leurs relations

Remettre les compteurs à zéro et repartir sur de nouvelles bases, ensemble, pour renforcer la coopération bilatérale. C’est la volonté affichée à Bamako et à Abidjan. Au retour des militaires, le président ivoirien Alassane Ouattara a dit vouloir reprendre une relation normale avec le Mali, « qui a besoin de nous et dont nous avons besoin également ».

Cette détermination est d’ailleurs actée dans le mémorandum signé par les deux pays. La Côte d’Ivoire a même déclaré aux autorités maliennes qu’elle entendait inviter le colonel Assimi Goïta à effectuer à Abidjan une visite d’amitiés après la libération des militaires.

D’après les informations de RFI, au cours de ce déplacement – s’il a bien lieu –, les autorités des deux pays devraient passer en revue les accords de coopérations et instaurer des mécanismes pour que ce qui est arrivé avec l’arrestation des 49 militaires n’arrive plus.

L’orage est donc passé, l’heure est à l’apaisement et la ligne « négociations et diplomatie » du président Ouattara dans ce dossier, a facilité les choses, insiste un responsable de la transition du Mali