Cet outil innovant, conçu pour améliorer l’information fiscale, semble rencontrer de graves difficultés.
À Brazzaville, au site du NIU à Mpila, dans le 6ème arrondissement, on observe une affluence réduite de personnes venues pour s’enrôler ce matin du 27 mai 2025. La présence de quelques agents donne l’impression d’un désengagement total, tandis qu’un usager pressé se voit contraint de verser un pot-de-vin pour obtenir son enrôlement. L’air abattu des agents du NIU dissimule six mois d’arriérés de salaire qui leur sont dus. Selon nos sources fiables, la masse salariale des agents du NIU s’élève à 13 millions de FCFA à Pointe-Noire et à 31 millions pour ceux des sites de Brazzaville, soit un total de 44 millions de FCFA seulement pour ces deux principales villes congolaises. De plus, il semblerait que la Direction des Systèmes d’Information (DSI), carburant du ministère des finances, souffre également de déficits logistiques, tels que des licences de logiciels expirées, exposant ainsi le dispositif à des risques d’insécurité aux conséquences dramatiques, confie, sous couvert d’anonymat, un informaticien. Aïe!
Depuis sa nomination au gouvernement, Christian Yoka, le nouveau ministre des finances, donne l’impression d’être sous l’influence de ses proches collaborateurs et semble risquer de passer pour un cadre plus compétent en gestion de projets de l’Afd qu’en ingénierie financière — la compétence actuellement indispensable au Congo en ces temps d’assèchement financier au Congo.
Dans un contexte où la transparence et l’efficacité des systèmes fiscaux sont plus que jamais nécessaires, le NIU émerge comme un outil essentiel pour le pays. De nombreux agents économiques et même nouveaux créateurs d’entreprises à l’Acpce( Agence congolaise de promotion et de création d’entreprise) ne disposent pas encore de NIU, ce qui rend impossible l’ouverture d’un compte bancaire. Ceci entraîne inévitablement des pertes significatives pour l’État, d’autant plus que ce dispositif vise à améliorer la collecte et la gestion des informations fiscales dans le cadre de la lutte contre l’évasion fiscale et la promotion d’une bonne gouvernance.
Il est essentiel de souligner que le NIU est un identifiant unique attribué à chaque contribuable. Il permet la centralisation des données fiscales et assure un suivi rigoureux des obligations fiscales tant pour les citoyens que pour les entreprises. En facilitant l’accès à ces informations, le NIU contribue à établir une base de données fiable pour les administrations fiscales.
Comment pourrait-on espérer atteindre les plus de 800 milliards de fcfa en mobilisation de recettes budgétaires fiscales si le NIU n’est pas considéré comme une priorité par le ministre de l’économie, des finances, du budget et du portefeuille public ?
A. Ndongo, journaliste économique et financier