Samedi, le Rwanda a affirmé que deux de ses soldats étaient retenus en captivité après leur enlèvement par des rebelles en RDC. De son côté, Kinshasa accuse son voisin d’attaques sur son sol. Le président sénégalais Macky Sall, également président en exercice de l’Union africaine, a exprimé dimanche sa « grave préoccupation », et appelle les deux pays au calme et au dialogue.
Si le calme est revenu ce matin, dimanche les combats entre l’armée congolaise, soutenue par les casques bleus, et le mouvement rebelle du M23 se sont déroulés au nord de Goma, dans le territoire de Rutshuru vers Runyo-nyi et Rugari dans la zone frontalière du Rwanda.
Ce pays est accusé par Kinshasa de soutenir le M23. Dimanche, des villageois de Biruma, localité située à une vingtaine de kilomètres de la frontière rwandaise ont capturé deux militaires rwandais, confirme l’armée congolaise. Les forces rwandaises assurent que ces soldats ont été arrêtés par les FDLR, un autre groupe rebelle.
« Tout peut déraper », s’inquiète la ministre sénégalaise des Affaires étrangères Aïssata Tall Sall, jointe par RFI. Face au « risque d’escalade », le Sénégal, à la présidence de l’UA, plaide donc pour des négociations, sous la conduite du chef de l’État angolais. « Le président Macky Sall s’est concerté avec le président João Lourenço d’Angola, qui non seulement l’avait suppléé à la présidence du sommet [de l’UA ce week-end à Malabo, NDLR], mais en sa qualité de membre de la région géographique où tout cela se déroule. Il a donc discuté avec lui pour lui demander de prendre le lead [la conduite, NDLR] des négociations sous la couverture de l’Union africaine. »
Macky Sall est en contact avec les présidents rwandais et congolais, affirme Aïssata Tall Sall. Elle-même s’est entretenue avec ses deux homologues. « Nous avons bon espoir d’arriver au moins à ce que les armes se taisent en attendant d’arriver à la solution politico-diplomatique de la façon la plus urgente dans cette partie sensible de l’Afrique où il y a déjà beaucoup de problèmes humanitaires et des droits de l’homme. Nous devons tout faire pour que cela ne s’aggrave pas. »
Une nouvelle source de préoccupation pour l’Union africaine, alors que les relations entre le Rwanda et la RDC avaient commencé à se détendre en 2019, après l’élection du président congolais Félix Tshisekedi.
Calme précaire sur le terrain
Dans l’est de la RDC, le calme était précaire dans la journée dimanche après plusieurs jours d’affrontements entre l’armée congolaise et les rebelles du M23. Samedi, des combats avaient éclaté dans les groupements de Kibumba et Rugari, à une trentaine de kilomètres de Goma, la principale ville de la région. Samedi encore, des bombardements ont été signalés plus au nord, vers Runyonyi dans le territoire de Rutshuru. La situation reste donc extrêmement tendue.
Sur l’axe Goma-Rutshuru, le trafic routier a repris timidement ce dimanche. Signe d’une accalmie mais qui reste extrêmement précaire. « Les combats peuvent reprendre à tout moment », prévient le major Willy Ngoma, porte-parole du mouvement rebelle du M23. Samedi, des affrontements ont lieu dans les territoires de Rutshuru et du Nyiragongo, rapportent plusieurs sources, notamment dans les groupements de Kibumba, Rugari et Jomba. « Dans la soirée de samedi, les Fardc ont obtenu des renforts », indique un responsable de la société civile locale. « Dimanche, le M23 s’est retiré de certaines zones », poursuit-il.
■ Responsabilité de la crise: l’UDPS répond au FCC
En RDC, l’Union pour la démocratie et le progrès social, le parti présidentiel, répond au FCC qui pointait hier sur notre antenne la responsabilité du régime Tshisekedi dans la crise actuelle avec la rébellion du M23 dans la province du Nord-Kivu. Pour l’UDPS, le fait de l’insécurité dans la partie Est du pays est la conséquence de la complicité du régime Kabila.
Personne n’ignore que notre armée a été dirigée à un moment donné par un officier de l’armée rwandaise ; personne n’ignore que c’est Kabila qui, par le mécanisme de brassage d’insertion, réinsertion, a fait entrer dans notre armée des officiers rwandais et des militaires rwandais qui continuent à poser des problèmes à notre pays. Félix Tshisekedi n’a à ce jour jamais nommé un seul officier, il travaille avec ce qu’il a trouvé […] Nous ne sommes en rien responsable de ce qui arrive. Le FCC devrait se taire et demander pardon au peuple congolais pour l’avoir plongé dans cet état d’insécurité depuis plus de vingt ans. Plutôt que de chercher à incomber la faute au pouvoir actuel qui a hérité de cette situation.