Guerre de succession: Sassou-Nguesso fait le ménage au sein des services de renseignement

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Le président congolais a mis à la retraite deux cadres de la police et proches du secrétaire général du Conseil national de sécurité, Jean-Dominique Okemba. Un allié de son fils et ministre de la coopération internationale, Denis-Christel Sassou Nguesso, a été promu.

Le 3 juillet, le chef de l’État congolais Denis Sassou-Nguesso a procédé à un remaniement inédit de son appareil sécuritaire. Le secrétaire général du Conseil national de sécurité (CNS) Jean-Dominique Okemba, dit « JDO », neveu du chef de l’État, en est le premier perdant, puisqu’il est dépossédé de deux pièces maîtresses de son dispositif. Et ce au moment où il tente de plus en plus de s’opposer au rayonnement de Françoise Joly, ministre et représentante personnelle du président congolais.

La manœuvre concerne tout d’abord le général Philippe Obara, téké d’Ewo, dans le département de la Cuvette-Ouest, directeur depuis 2011 de la Centrale d’intelligence et de documentation (CID, ex-Direction générale de la surveillance du territoire), le service de renseignement de la police. Celui qui a fait l’essentiel de sa carrière dans les renseignements généraux depuis la fin de la guerre civile en 1997 est devenu au fil des ans l’un des interlocuteurs privilégiés de la Direction générale de la sécurité extérieure française, tant sur les dossiers du Congo que ceux afférents aux pays de la sous-région d’Afrique centrale. Il est remplacé par son numéro deux, le magistrat Aristide Okassa, m’bochi comme le chef de l’État, qui aura pour adjoint Élie Atipo Etou, téké de Gamboma, qui assoit encore plus son ascension entamée depuis plusieurs années au sein de la CID (AI du 17/03/22).

Effets de bord au sein de la franc-maçonnerie

Ce mouvement risque aussi d’avoir des effets de bord au sein de la franc-maçonnerie congolaise. À l’instar de JDO, responsable de fait de la Grande Loge du Congo (GLC), obédience maçonnique régulière fondée par le président lui-même et affiliée à la Grande Loge nationale française, Philippe Obara est depuis octobre 2021 grand maître du Grand Orient et loge associés du Congo (Golac), lié au Grand Orient de France (GODF).

L’autre remplacement abondamment commenté est celui du directeur de la police, Jean-François Ndenguet. Ayant, à 74 ans et après un quart de siècle de service, dépassé l’âge de la retraite, Ndenguet s’éloignait de plus en plus de la gestion quotidienne des dossiers, contraint d’aller régulièrement se faire soigner hors du pays, au Maroc ou en Afrique du Sud. Il paie aussi une situation sécuritaire qui se dégrade, la police ne parvenant pas, depuis quelques années, à enrayer le phénomène de délinquance urbaine dit des « Bébés noirs ».

Jean-François Ndenguet cède sa place à son numéro deux depuis 2018, André Fils Obami Itou, dit « le King », proche du ministre de la coopération internationale et fils du chef de l’État, Denis Christel Sassou-Nguesso, qui sort renforcé de ce jeu de chaises musicales. Officier d’infanterie formé à l’École spéciale militaire de Saint-Cyr, il est le fils d’André Obami Itou, un ancien compagnon de route de Sassou, président du Sénat décédé en 2017. Il a été entre 2010 et 2017 commandant de la garde rapprochée du président. Le général Jean-Pierre Okiba, resté proche de Jean-Dominique Okemba, assumera toutefois les fonctions de commandant en second des forces de police.

Enfin, au palais présidentiel du Plateau, JDO s’est éloigné d’un de ses anciens alliés, Guy-Noël Ngoya, aujourd’hui conseiller et homme à tout faire de Denis Sassou-Nguesso, chargé des « affaires sensibles » de ce dernier. Également neveu du chef de l’État, Guy Noël Ngoya s’est ces derniers mois sensiblement rapproché de Françoise Joly.

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