Au-delà du discours du Président de la République sur l’état de la Nation devant le parlement réuni en congrès, il faut maintenant passer à la concrétisation de la lutte contre la corruption grâce aux instruments dont s’est doté le Congo(ministère du contrôle d’État, Haute autorité de lutte contre la corruption, Inspection générale d’État, Cours Suprême…).
Dans la mise en œuvre du programme conclu récemment avec le Fmi, « il n’est pas impossible que cette institution de Bretton Woods impose la recette d’audit à la Snpc. Un audit qui pourrait être confié à un cabinet dont l’indépendance ne souffre d’aucune contestation « , croît savoir un expert financier proche du FMI. Il n’y aura donc pas de cabinet ayant déjà des intérêts au Congo(KPMG, Ernst &Young, Price Whaterhouse &Cooper, Deloite…).
Les comptes de gestion de la Snpc (société nationale des pétroles du Congo) seront, dans ce cas , poursuit notre source, passés au peigne fin. Leur certification par les cabinets d’expertise comptable de renommée internationale pourrait même être remise en cause. En d’autres termes, le nouvel auditeur ne s’appuiera pas sur les comptes de gestion interne certifiés par Kpmg ou Ernst &Young par exemple. Qui a fait quoi et dans quel intérêt? C’est, entre autres, des questions que se posent généralement les auditeurs dans pareilles circonstances. Comme pour se mettre à l’abri de la clameur publique et de l’audit à venir, le mastodonte pétrolier congolais s’était déjà fendu d’un document non officiel en 2017 pour tenter de se dédouaner à la Ponce Pilate.
» À la lecture de ce document, que nous avons refusé d’exploiter, aucun chiffre, ni les montants des transactions menées n’y figurent. Un tract mal conçu. Comme dans un kilogramme de mensonge, il y a aussi des centaines de grammes de vérité, ce document révèle que « …Le ministre des Finances(ndlr, Gilbert Ondongo) s’est, par conséquent, largement appuyé sur la Snpc pour obtenir de la liquidité via ces dispositifs de financement adossés au pétrole couramment appelés prépaiements. .. » Que « Les prépaiements contractés par la Snpc pour le compte de l’Etat résultaient en effet de la demande du gouvernement afin de fournir des liquidités pour permettre la mise en œuvre de plans de développement infrastructurel… », peut-on y lire.
En clair, la Snpc, au centre des transactions et montages financiers, sera dans la ligne de mire des fins limiers de l’audit indépendant recommandé, c’est un euphémisme, par le FMI aux autorités congolaises. Ensuite seront passés au peigne fin le dossier des travaux d’envergure gérés par la Délégation générale aux Grands travaux, les montages des dossiers Ecair, ASPERBRAS, la gestion des liquidités procurées par ces prépaiements, le circuit emprunté par ces fonds prepaids avant d’atterrir à la Beac via trésor public…Existe t-il des paradis fiscaux ? Et quand il ne s’agira pas de taux d’intérêt trop élevés à leurs yeux sur certains prêts, et donc sur les risques potentiels sur les ratios du surendettement du Congo, les experts pourront sortir de leur chapeau « l’absence de transparence et de la mauvaise gouvernance « , spécule, sous couvert d’anonymat, un auditeur qui travaille chez KPMG. Comme au Mozambique, il est donc à craindre que le FBI et autres services européens de lutte contre la délinquance financière braquent leur caméras sur Brazzaville pour solder certains vieux comptes à Beijing pour sa percée au Congo, sous le nez et barbe des ex conquistadors français.
Un expert de l ‘Agence française de développement(AFD) nous avait confié, sous couvert d’anonymat, en 2013, qu’elle jugeait partiaux les appels d’offres internationaux de la Délégation générale aux Grands travaux. Certaines entreprises chinoises qui raflent la mise dans le cadre de ces appels d’offres ne sont même pas identifiées en Chine. À qui appartiennent-elles alors? S’interrogeait-il. Vrai ou faux? Toujours est-il que « l’audit sur la gouvernance et la corruption commandé par le FMI pourrait aboutir à des scandales qui donnent des crises d’urticaire », affirme notre expert financier international.
Last but no least, pourraient aussi être sur la sellette des banques(une congolaise et des étrangères) et des personnes physiques qui ont cautionné ce surendettement du Congo dans le but de gagner des commissions. C’est ce que le FBI fait déjà avec les banques qui ont participé au surendettement du Mozambique. Si tant est possible que ce surendettement du Congo a profité à des personnes que l’on appelle à Brazzaville « les intouchables de la République « , Denis Sassou-Nguesso pourra t-il engager une opération toges blanches? La justice congolaise pourra t-elle enfin faire montre de son indépendance en s’autosaisissant du dossier pour couper l’herbe sous le pied du FBI? Seuls les résultats de l’audit pourraient établir la proportion de la gravité des faits ou pas, imputables à ceux que les brazzavillois, si friands des matches de Barça, Réal de Madrid et PSG, désignent déjà comme » le trio arbitral » . Les amoureux du ballon rond savent bien qu’au football, les rôles sont clairement définis entre l’arbitre central, qu’assistent ses deux juges de touche et le commissaire du match. Bonne devinette pour l’année 2022!
Alphonse Ndongo, journaliste économique et financier