Maintenant que le défaut de paiement, d’un montant de plus de 30 milliards de fcfa, qu’accusait il y a quelques jours Brazzaville sur le marché des titres publics de la Beac vient d’être résorbé, place aux graves conséquences qui en découlent.
Des exégètes de l’économie financière, et pas des moindres, ne se remettent toujours pas de la petite « phrase assassine » prononcée( naïvement ou politiquement?) par Thierry Moungalla, ministre de la communication et des médias, porte parole du gouvernement, qui a minimisé le défaut de paiement du Congo en parlant d’ « un petit incident technique ». C’était au cours de la Quinzaine gouvernementale, un échange entre la presse et le ministre de la communication et des médias, le 02 septembre dernier. Un oukase qui donne des crises d’urticaire aux investisseurs. Gravissime.
Sur le marché monétaire sous-régional ou régional, il n’y a pas de « petit incident ». « On ne peut se permettre de minimiser un défaut de paiement face aux investisseurs et banquiers, en parlant d’un « petit incident » de 5 jours alors que cela s’est étalé sur deux semaines, même si le défaut de paiement a été résorbé le lundi 02 septembre 2024″, fait observer un important expert financier de la sous-région, proche du dossier Congo. « Une pénalité de retard, de 100 millions de fcfa par jour, a été appliquée à Brazzaville », confie notre source. Pis encore, la qualité de signature du Congo se dégrade, avec comme conséquence directe: un taux d’intérêt plus élevé sera appliqué sur les prochaines demandes de Brazzaville sur ce marché. Il convient de noter que le Congo s’endette déjà à des taux nettement élevés. Le coût moyen des OTA ( Obligations de Trésor Assimilables) du pays était de 9,20% à fin juin 2023, contre 7,55%, la moyenne régionale à la même période. Comme le marché des titres publics de la Beac reste tant sollicité par les 6 Etats de la Cemac, il faut surtout redouter que ce défaut de paiement expose Brazzaville à la frilosité des banques et investisseurs.
Le ministre de l’économie et des finances, que de méchantes langues acccusent de « pusilanime », devrait tout de suite songer à rassurer les responsables des banques. Les nombreux conseillers qu’il recrute au terme d’un appel à candidature en sont-ils réduits au simple rôle de preneurs de notes, au point d’être dans l’incapacité totale de reveiller leur Chef?
Quand on oublie les engagements de l’Etat au profit des nouvelles sources de dépenses, la sanction est irréversible. La gestion de la trésorerie d’un État ne s’accommode pas des nombreuses sollicitudes des politiques, adeptes des dépenses de prestige.
LA VAR:
VOICI, IN EXTENSO, CE NOUS ÉCRIVIONS SUR NOTRE PAGE EN JUIN DERNIER
Na lobeleki na bino nini(ne vous ai-je pas prévenu)?
« Deux défis majeurs, sur le plan financier, s’imposent à Brazzaville en cette fin du mois de juin. La direction générale du trésor devrait émettre des appels d’offres sur les bons de trésor assimilables(BTA) et les obligations de trésor assimilables(OTA), d’un montant de 60 milliards de Fcfa. En français facile, il s’agit du recours aux emprunts auprès des banques de la zone Cemac.
Le deuxième défi tout aussi urgent que le premier, le Congo doit soigner sa signature en respectant ses 3 prochaines échéances(juillet, août et septembre) de remboursement des dettes antérieures, d’un montant cumulé de plus de 117 milliards de fcfa. Un défaut de paiement l’exposerait à la dégradation totale de sa signature, avec comme conséquence grave, le difficile accès à un marche monétaire et financier qui permet aux 6 Etats de la zone Cemac de financer leur déficit budgetaire en ces temps de tension de trésorerie.
De l’avis des experts financiers interrogés, et pas des moindres, l’on aurait pu éviter ces besoins urgents de trésorerie si le nouvel argentier, Jean-Baptiste Ondaye, avait fait preuve d’anticipation, exactement comme l’ont été ses deux prédécesseurs Calixte Nganongo et surtout Rigobert Roger Andely… »
A Ndongo, journaliste économique et financier