Congo : l’Etat recherche 110 milliards de Fcfa pour mettre à niveau le réseau de transport de l’électricité

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Malgré la mise en concession de l’essentiel de ses ouvrages de production, le pays reste confronté à une crise énergétique chronique qui, d’après le FMI, est en partie cause de son ralentissement économique.

Devant un parterre d’investisseurs et d’experts mondiaux du secteur énergétique, fin juin dernier à Barcelone (Espagne) dans le cadre de l’Africa Energy Forum (AEF), le ministre de l’Énergie et de l’Hydraulique du Congo, Emile Ouosso, a longuement exposé sur la situation quasi-chaotique du secteur de l’électricité dans son pays. Elle est causée, d’après lui, par l’échec des entreprises publiques, à remplir leur mission, notamment, assurer la maintenance de la demi-dizaine d’ouvrages de production construits par l’Etat il y a plusieurs décennies pour la plupart et financer de nouveaux investissements. Les deux principales villes du pays, à savoir Brazzaville et Pointe-Noire, sont confrontées depuis plusieurs années à des coupures électriques chroniques qui ont atteint un nouveau pic au cours des dernières semaines, après celui de décembre 2023 qui avait obligé Jean Bruno Danga Adou, directeur général d’Énergie électrique du Congo (E2C), à faire une sortie pour s’expliquer sur les raisons profondes de ces délestages, notamment des décennies de sous-investissement dans le secteur. Fin mai, le Fonds monétaire international (FMI) soulignait, au terme d’une mission à Brazzaville, que les pannes d’électricité sont en partie cause du ralentissement économique du Congo.

Emile Ouosso s’est rendu à Barcelone pour présenter les besoins en financements du secteur énergétique de son pays au monde des affaires, dont celui immédiat de lever 110 milliards Fcfa sur le marché financier international en vue du financement des travaux de réhabilitation de la ligne de transport qui dessert Brazzaville et la plupart des autres localité du Congo depuis Pointe-Noire. Elle avait été construite dans les années 1980. Dans ce pays, le rôle de l’Etat se limite désormais à la réalisation des grands travaux infrastructurels du secteur, l’essentiel de l’activité de production ayant été confiée à des sociétés privées étrangères qui doivent assurer la réhabilitation et la gestion. A côté du réseau de transport, le réseau de distribution de l’électricité est lui aussi défaillant et demande d’être restructuré afin qu’il s’adapte à la nouvelle demande et la nouvelle configuration des villes.

Pour mémoire, entre 2019 et 2020, l’Etat congolais a lancé en deux étapes un appel d’offres international pour la mise en concession des centrales hydroélectriques de Moukoukoulou, d’Imboulou et de Liouesso qui avait été lancé en deux étapes. A l’issue de cet appel, le barrage de Djoué (15 Mw), inauguré en 1954, a été concédé à la société suisse Hydro Operation International ; celui de Moukoukoulou, construit en 1979, a été concédé au groupement chinois Weihai-Zhengwei. La centrale de Imboulou, elle, est tombée dans l’escarcelle du groupement HOI-Axian Energy, tandis que celle de Liouesso a été confiée au groupement Ghezouba/Energaz. L’Etat a, en outre, concédé la centrale thermique de Gaz de Djéno (Pointe-Noire) à la Société turque AKSA Energy Congo. Cette dernière, qui connaît régulièrement des problèmes d’approvisionnement en gaz, fournit 72% de l’électricité aux Congolais. A noter qu’au Congo, le taux d’accès à l’électricité est estimé à moins de 40 % dans les zones urbaines et moins de 10 % dans les zones rurales.

Dressant un état des lieux du secteur de la production, il y a un an, Emile Ouosso a expliqué que la centrale de Moukoukoulou (74 Mw) ne fonctionne depuis 5 ans qu’avec une seule turbine, or, elle dispose en dispose de quatre. Sa dernière révision remontait à 2003, soit un retard de 20 ans. « Celle d’Imboulou (120 Mw), qui dispose de quatre turbines et mise en service en 2010, n’a pas eu de révision générale. Une turbine est à l’arrêt depuis décembre 2018, elle est en réparation depuis l’année dernière. Concernant la centrale de Liouesso de 19,2 Mw, mise en service en 2016, ses trois turbines n’ont pas connu de révision générale jusqu’à ce jour », avait-il ajouté », non sans préciser que, dans les normes, une les révisions générales des turbines ont lieu tous les 5 ans.