Conflit au Tigré : l’Ethiopie « nie toute attaque » au Soudan

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L’Ethiopie a nié avoir mené au cours du week-end une attaque dans une région frontalière disputée avec le Soudan, blâmant les rebelles tigréens que le gouvernement combat depuis plus d’un an.

L’armée soudanaise a annoncé dans un communiqué dimanche que six soldats avaient été tués dans la région d’Al-Fashaga, des terres fertiles qui font l’objet d’un conflit frontalier entre Addis Abeba et Khartoum, après l’attaque, selon elle, de groupes armées et de milices liées à l’armée éthiopienne.

Cette zone avait été le théâtre de heurts meurtriers l’an dernier qui, selon le communiqué de l’armée, avaient fait 90 morts au sein des troupes soudanaises. Mais un porte-parole du gouvernement éthiopien, Legesse Tulu, a qualifié dimanche les déclarations sur une attaque éthiopienne de « sans fondement ».

A l’inverse, Legesse tulu a renvoyé la responsabilité de l’attaque sur le Front de libération du Peuple du Tigré (TPLF), avec lequel il est en guerre depuis novembre 2020 et qui menace de marcher sur la capitale Addis Abeba.

« Un large groupe d’insurgés, de bandits et de terroristes est entré (depuis le Soudan) », a déclaré le porte-parole à la chaîne officielle Ethiopian Broadcasting Corporation (EBC), sans apporter plus de précisions.« L’armée éthiopienne et les milices locales les ont détruits », a-t-il ajouté. Legesse Tulu a également affirmé que le TPLF s’entraînait au Soudan et recevait du soutien de « sponsors étrangers », qu’il n’a pas spécifié.

Bien que des cultivateurs éthiopiens se soient installés dans la zone d’Al-Fashaga depuis des décennies, les troupes soudanaises ne s’y sont déployées qu’après le déclenchement du conflit au Tigré, pour « reconquérir les territoires volés », ce qu’Addis Abeba considère comme une invasion.

Cependant, Legesse Tulu a affirmé que l’Ethiopie souhaitait résoudre pacifiquement ce problème.« L’armée éthiopienne ne prévoit pas de mener une attaque sur quelque pays souverain que ce soit. __Il y a des terres que les forces soudanaises ont envahies. Le gouvernement travaille à résoudre.

Depuis qu’Abiy Ahmed a envoyé l’armée fédérale au Tigré (Nord, frontalier du Soudan) afin d’en destituer les autorités issues du TPLF, qui défiaient son autorité, le conflit s’est étendu aux régions voisines de l’Amhara et de l’Afar. Marquée par les atrocités et la famine, la guerre a fait plusieurs milliers de morts et plus de deux millions de déplacés.

La semaine dernière, Abiy Ahmed, prix Nobel de la paix 2019, a annoncé son départ sur le front, pour y mener la contre-offensive. Dimanche, EBC a affirmé que l’armée et les forces spéciales de l’Afar y ont pris la localité de Chifra, théâtre d’intenses combats ces dernières semaines. Le TPLF chercherait à prendre dans cette zone le contrôle d’une autoroute critique pour l’approvisionnement d’Addis Abeba.

Une source au sein du TPLF a déclaré de son côté lundi que les combats « se poursuivaient ». Le porte-parole du groupe a qualifié le déploiement du Premier ministre de « cirque » impliquant « de grotesques jeux de guerre ».