300 milliards dans l’herbe sans bruit de machines, faute d’électricité !
Le Premier ministre Clément Mouamba se rend ce matin, loin des yeux des médias, et à bord d’un hélicoptère, au complexe industriel de Maloukou, une série d’usines construites entre 2013 et 2015 par la société brésilienne, Asperbras.
Le chef du gouvernement est accompagné de quelques ministres, tous impliqués dans ce dossier. Il s’agit prioritairement d’apporter l’électricité sur le site. Pas moins de 15 Km de ligne de haute tension. L’affaire, entre temps mise dans les placards, a été ressuscitée en décembre dernier par le président Denis Sassou N’Guesso, lors de son message sur l’état de la nation devant le parlement réuni en congrès.
Il s’agit d’une douzaine d’usines clés en mains, spécialisées entre autres dans la céramique, la tuyauterie, la plomberie, les plastiques, et quelques chambres froides pour viandes et poissons frais. Mais, il manque criardement de l’électricité. C’est-à-dire, on a tout construit sans mettre le courant. Sans oublier que pour plusieurs unités de production, la matière première proviendrait des sites plus loin.
C’est le cas de l’argile qui devrait partir de l’autre côté du pont du Djoué, à Brazzaville.
Début juin 2018, un autre projet d’électricité y a été pondu ! Il fallait raccorder Maloukou à la SNE, grâce à un champ de panneaux solaires qui devrait produire jusqu’à 100 mégawatts de courant. La facture, toujours salée, était alors estimée à 16 milliards de francs CFA.
L’idée simple, exprimée au premier degré par les experts, était de raccorder Maloukou à partir du courant d’Imboulou, un projet qui devrait coûter 13 milliards de francs CFA. Les financements avaient même été trouvés, notamment après l’appel à l’emprunt obligataire de 150 milliards lancé en décembre 2018 par le gouvernement.
En septembre 2019, le ministre en charge des Zones Economiques spéciales annonçait que les travaux d’électricité étaient déjà exécutés à 70%. Presque deux ans après, que neni !
Mais Maloukou lui-même, et sans l’électricité et l’eau, a coûté 300 milliards de francs CFA. A l’époque, pourtant les ambitions étaient nobles, créer jusqu’à 2.600 emplois directs et 10.000 indirects, alors que le complexe devrait fonctionner 24h/24.
Depuis, le site gît dans un silence de monastère. Juste des gardiens pour veiller aux machines. Bien avant, il est presque devenu un site touristique que visitent certaines personnalités étrangères.
Le gouvernement veut y revenir. Le projet est bon et porteur, car Maloukou s’est révélé dès le début comme tête de pont de la zone économique spéciale de Brazzaville.
Il s’agit donc de faire un vrai diagnostic de ce qui manque, dépoussiérer les machines et chasser quelques rats et oiseaux, en plus des serpents qui s’y sont forcément installés, dans la quiétude et la sérénité de la douce nature. Jusqu’en 2015, une soixantaine de personnes travaillaient sur le site pour maintenir les machines en état de fonctionner.