Le milliardaire américain Elon Musk a conclu un accord, ce lundi 25 avril, pour racheter Twitter contre 44 milliards de dollars. « La liberté d’expression est le fondement d’une démocratie qui fonctionne, et Twitter est la place publique numérique où sont débattues les questions vitales pour l’avenir de l’humanité », a-t-il déclaré dans un communiqué.
C’est allé très vite. L’homme des succès de Paypal, Tesla et SpaceX a réussi son pari : le réseau social Twitter lui appartient désormais.
L’information était déjà presque officielle depuis un tweet d’Elon Musk, tombé en fin de journée ce lundi. « J’espère que même mes pires détracteurs resteront sur Twitter, car c’est ce que signifie la liberté d’expression », avait écrit celui qui est suivi, sur ce réseau, par plus de 84 millions d’autres comptes, à ce jour.
Les discussions, qui semblaient incertaines la semaine dernière, se sont accélérées ce week-end après que M. Musk a courtisé les actionnaires de l’entreprise, en leur présentant les détails financiers de son offre. Twitter a alors commencé à négocier avec le milliardaire le rachat de la société au prix proposé de 54,20 dollars par action.
La cotation de l’action Twitter, entreprise introduite en Bourse en 2013, a été suspendue ce lundi à Wall Street. Plusieurs médias avaient rapporté, dès le début de journée, que l’annonce d’un accord entre Elon Musk et le conseil d’administration sur un rachat de la plateforme était imminent, ce qui a par ailleurs fait monter l’action du réseau social.
Elon Musk avait proposé mi-avril de s’emparer de l’intégralité du groupe et de retirer la plateforme de la Bourse new-yorkaise. Il avait par ailleurs indiqué la semaine dernière qu’il avait sécurisé 46,5 milliards de dollars pour mener à bien cette acquisition grâce à deux prêts bancaires de Morgan Stanley, ainsi qu’à sa fortune personnelle.
Né en Afrique du Sud, naturalisé canadien puis américain, Elon Musk serait l’homme le plus riche du monde. Forbes estime sa fortune à 269 milliards de dollars. Il détenait déjà, depuis début avril seulement, plus de 9% des actions ordinaires du réseau social, ce qui en faisait le principal actionnaire. Après son entrée au capital, il avait été invité à rejoindre le conseil d’administration, mais il avait décliné avant de dérouler sa stratégie.
Il promet de transformer le réseau social pour en faire « la plateforme de la liberté d’expression à travers le monde », y voyant une question de « civilisation ». Certains observateurs pensent que M. Musk pourrait notamment autoriser à nouveau des comptes supprimés, à l’instar de celui de Donald Trump et de certains de ses partisans.
L’un des autres axes sur lesquels le patron de Tesla pourrait miser consisterait à rendre Twitter plus rentable et d’augmenter la croissance de son nombre d’utilisateurs. Il a déjà suggéré plusieurs évolutions, par exemple l’ajout d’un bouton « modifier », pour corriger un tweet après publication, et des changements dans la formule payante.
Mais s’il est désormais seul maître à bord et peut faire ce qu’il veut de ce réseau, qu’il considère comme une Agora mondiale, le milliardaire affirme qu’il n’est pas là pour faire de l’argent, comme le rappelle notre correspondant à Washington, Guillaume Naudin. Il veut, explique-t-il, libérer le potentiel de l’entreprise où responsables de la politique, de l’économie et de la culture communiquent directement avec leurs abonnés.
Cet apôtre du libertarisme, c’est-à-dire des régulations réduites à leur strict minimum, et si possible inexistantes, n’a jamais caché qu’il considérait les efforts de modération du réseau comme néfastes à la liberté d’expression. C’est pourquoi il s’est montré très critique vis-à-vis des interdictions permanentes comme celle qui frappe l’ancien président américain depuis l’attaque du Capitole, le 6 janvier de l’an dernier.
Donald Trump, qui avait construit en partie sa stratégie de conquête du pouvoir en 2016 par la force de ce réseau social, voit donc d’un bon œil l’acquisition de Twitter. Mais il affirme préférer se consacrer à son propre réseau social, Truth social, qui a pourtant bien du mal à décoller.