Le Liban qui pourrait bien passer une partie du week-end pascal dans le noir. En raison d’une pénurie de fioul, deux des quatre principales centrales électriques du pays sont à l’arrêt. Un problème récurrent au pays du Cèdre, coutumier de coupures d’électricité depuis des décennies. Un problème aggravé par la crise financière.
Pour pallier les coupures d’électricité publique, les Libanais utilisent des générateurs qui tournent parfois plus d’une quinzaine d’heures par jour… Mais avec la crise, la pénurie de fioul et l’explosion des prix de cette électricité privée, de nombreux Libanais ne peuvent plus s’offrir ce luxe.
Dans sa petite chambre de bonne, sur le toit d’un immeuble du sud de Beyrouth, Khaled nous reçoit à la lumière d’une bougie. Chez lui, l’électricité publique ne fonctionne que quelques heures par jour. Le frigidaire ? Le chauffage ? Internet ? Ce trentenaire a appris à s’en passer.
« Avant, ça coupait la journée quand j’étais au travail. Mais toute la nuit, j’avais du courant. Maintenant, ça coupe tout le temps. Et le générateur, c’est trop cher : ça me coûterait 20% de mon salaire, juste pour avoir l’électricité chez moi. C’est dur. J’utilise des bougies pour m’éclairer. Mais le problème, c’est que je n’ai pas internet. Je n’ai pas de chauffage l’hiver. Et ça fait un moment que je ne peux plus rien conserver au frigo. »
Depuis la dévaluation de la livre libanaise, le salaire de Khaled passe presque entièrement dans son loyer. Mais avec l’été et la chaleur qui arrive, il ne pourra pas rester chez lui.
« Même si je pouvais me pays un climatiseur, je n’aurais pas d’électricité pour l’allumer ! Donc je vais passer mon temps au café et au restaurant. Je ne peux pas rester ici. Je vis sous les toits, vous imaginez ? Je vais cuire ! J’étais déjà là l’été dernier donc je peux vous le dire : il va faire 50 degrés à l’intérieur. »
Depuis plusieurs années, les dirigeants politiques libanais promettent des réformes du système électrique, sans qu’aucune mesure concrète ne soit prise. Les propriétaires des générateurs privés eux continuent de s’enrichir, profitant des lacunes d’un État en faillite.