Assemblée nationale : le gouvernement s’explique sur le phénomène « bébés noirs » 

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La séance de questions orales avec débat au gouvernement du 8 avril à Brazzaville a été une occasion de plus pour l’Assemblée nationale d’interpeller l’exécutif sur le phénomène de banditisme urbain communément appelé « Bébés noirs » qui endeuille au quotidien de nombreuses familles dans les grandes villes du pays.

Parmi les questions abordées au cours du énième face-à-face gouvernement-députés, il y a celle relative à l’expansion de la délinquance juvénile et de l’insécurité occasionnée par le phénomène « Bébés noirs ou Kulunas » qui crée une véritable angoisse au sein de la population. Appuyant dans la réplique son collègue de la deuxième circonscription, le député de Gamboma I, Paul Carroph Etou, a chargé le gouvernement et ses démembrements. « Ce qui écœure souvent la population, c’est qu’une fois ces bandits de grand chemin interpellés ou arrêtés par la force publique et mis à la disposition des services de correction sinon des maisons de détention, une semaine plus tard ils sont souvent relâchés et se retrouvent dans les mêmes quartiers où ils ont commis des forfaits tout en narguant, par-dessus-tout, la même population », a-t-il déploré.

Selon lui, ces jeunes délinquants sont souvent relâchés avec la complicité des éléments des forces de l’ordre ou des responsables des maisons de détention moyennant quelques billets de banque, notamment par l’achat de leur conscience. « C’est ce qui fait qu’actuellement dans nos grandes agglomérations, la population a commencé à faire vengeance elle-même avec le nouveau phénomène qu’elle appelle « barbecues ». Il suffit de jeter un coup d’œil sur les réseaux sociaux et vous verrez comment ils sont en train d’être brulés. Alors, monsieur le Premier ministre, le gouvernement est-il démissionnaire devant ce phénomène par ses services de l’ordre ? », s’est interrogé Paul Carroph Etou.

Répondant aux députés, le Premier ministre, Anatole Collinet Makosso, a rappelé que ces actes odieux qui portent atteinte à la sécurité publique sont commis par des jeunes gens dont l’âge varie entre 14 et 16 ans voir plus. Il s’agit, selon lui, d’un phénomène qui touche l’art collectif du peuple et qui contribue à dégrader la qualité de vie par l’entretien d’un sentiment d’insécurité permanent.

« Le gouvernement en est fort préoccupé, les solutions à apporter à ce phénomène sont une priorité pour lui au titre de la 7e bataille de son programme d’actions. Des mesures ont été prises en tenant compte de l’ampleur du phénomène. Il s’agit, entre autres, de la sensibilisation des autorités locales pour la collaboration avec les services de l’ordre, de l’organisation innovante des forces de police désormais unifiées sur la même tutelle pour créer une synergie en matière de sécurité publique », a-t-il expliqué.

Des postes de polices transformés en centre de détention

Le chef du gouvernement a également évoqué l’organisation en permanence des patrouilles mixtes (pédestres et motorisées) de la force publique ; la création de plusieurs postes de proximité dans les quartiers ainsi que dans certains établissements scolaires en vue de prévenir les cas de violences scolaires. « Nous nous attelons à rendre opérationnels les centres de Madingou et d’Aubeville et nous avons foi que cela se fera avant la fin de cette année, en même temps que nous intensifions les efforts pour rendre également opérationnels les centres d’Otsendé et de Louvakou », a annoncé Anatole Collinet Makosso.

Le gouvernement a également été interpellé sur la surpopulation carcérale qui a transformé les commissariats de police en centres de détention des délinquants. Le député Obam-Ondon a demandé des explications au Premier ministre sur la fin des travaux de construction des maisons d’arrêt et des prisons en cours dans le pays. « Pour avoir eu à auditionner les ministres de la Justice et de l’Intérieur, les commandants de la gendarmerie nationale et des forces de police, et visité les postes de police, je pense qu’il y a urgence à regarder cette question de construction des maisons d’arrêt et des centres de détention parce que nos PSP sont devenus des prisons », a expliqué le député de Gamboma II.

Pour le chef du gouvernement, cette préoccupation trouve sa réponse dans la loi de finances exercice 2024 qui a prévu, au titre du ministère en charge de la Justice, des crédits d’investissement pour la construction et la réhabilitation des maisons d’arrêt. « Il s’agit notamment des maisons d’arrêt de Gamboma, Djambala et Madingou d’une part, et de Pointe-Noire, Dolisie, Sibiti et Brazzaville, d’autre part. Des crédits ont été inscrits dans la loi de finances 2024 pour la construction du centre de détention d’Ewo et du centre pénitentiaire d’Owando. Les travaux du centre d’Owando devraient vite réprendre pour qu’il soit rendu opérationnel dans les meilleurs délais et le gouvernement y travaille », a-t-il conclu.

Les autres questions abordées concernaient les difficultés liées à l’approvisionnement en eau potable et en électricité ; les hydrocarbures, notamment le pétrole lampant ; les questions d’hygiène dans les hôpitaux ; le transport dans la sous-préfecture de Tchiamba-Nzassi ; la crédibilité des résultats du Recensement général de la population et de l’habitation.