Albaryak : des débuts qui inquiètent dans la gestion des déchets urbains

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Alors qu’on espérait un nouveau départ dans la politique
d’assainissement urbain au Congo, les premiers pas de la société Albaryak
suscitent déjà de vives inquiétudes parmi les citoyens. Manque d’équipement,
conditions de travail précaires, gestion approximative des déchets : les
signaux d’alerte s’accumulent.

Après la rupture du contrat avec Averda, ex-prestataire chargé de
l’assainissement dans les grandes villes congolaises, le gouvernement avait
affiché une volonté ferme de redresser la situation. Ce redressement s’était
traduit par le déploiement des forces de l’ordre et de membres du parti au
pouvoir pour des campagnes de propreté, suivies d’un appel d’offre
international qui avait abouti à la sélection d’Albaryak, une entreprise turque
spécialisée dans le domaine.

Si la nouvelle avait été accueillie avec soulagement par la population, la
réalité sur le terrain déçoit déjà. Contrairement à Averda, dont les agents
étaient reconnaissables à leur tenue impeccable et leur matériel professionnel
— combinaisons, gants, masques, pinces, brouettes et balais adaptés —, les
agents d’Albaryak apparaissent peu ou pas équipés.
« Certains n’ont ni gants, ni masques, encore moins les outils
nécessaires pour un nettoyage efficace. On les voit balayer à
mains nues, parfois sans même une brouette », observe un
habitant du quartier Moukondo.

Le contraste ne s’arrête pas là. Alors qu’Averda assurait le transport de ses
agents dans des bus aux couleurs de la société, les employés d’Albaryak
sont aujourd’hui entassés à l’arrière de camions-bennes, les mêmes qui
servent au transport des ordures.

Mais c’est surtout sur le terrain de la gestion des déchets que les critiques
sont les plus virulentes. À l’avenue Cité des 17, dans le quartier Moukondo,
les habitants font face à une situation invraisemblable : les agents de la
société ont bien effectué une opération de nettoyage… mais les déchets
collectés n’ont jamais été enlevés. Ils s’amoncellent depuis plus d’une
semaine.

« Un bon matin, ils ont nettoyé partout, on était content. Mais le
soir venu, ils sont partis en laissant des tas d’immondices un
peu partout », témoigne Mère Mouko, habitante de la rue Mana.
« Depuis, rien n’a bougé. Certains ont dû payer de leur poche
des ramasseurs d’ordures. D’autres, comme devant l’école
évangélique, voient les tas grossir chaque jour. Des gens
viennent y ajouter leurs propres déchets. »

Le risque est désormais clair : la prolifération de décharges sauvages en
pleine ville. Et une forme de nostalgie s’installe, amère, chez les riverains.

« Avant, c’était peut-être sale, mais chaque commerçant
balayait devant chez lui, les ordures étaient dispersées, pas
empilées. Aujourd’hui, c’est du n’importe quoi », poursuit Mère
Mouko.

La société Albaryak, fraîchement entrée en activité, semble avoir raté ses
premiers pas. Le gouvernement devra très vite exiger des standards de
qualité et un cadre strict de suivi du travail effectué, sous peine de voir se
répéter les erreurs du passé. Car si l’initiative politique de changer de
prestataire était louable, la mise en œuvre, elle, laisse pour l’instant craindre
le pire.