Une attaque jihadiste contre un camp de l’armée malienne dans le centre du pays a fait 27 morts vendredi parmi les soldats et plusieurs dizaines de « terroristes » ont été « neutralisés », a annoncé l’armée dans un communiqué.
Il s’agit de l’attaque la plus meurtrière rapportée contre les forces maliennes depuis plusieurs mois.
Elle s’est déroulée vendredi matin vers 05H30 GMT, au camp de Mondoro dans le centre du Mali, faisant également fait 33 blessés, dont 21 graves, et sept « portés disparus » parmi les soldats, selon la même source.
Selon l’armée, 47 assaillants ont été « neutralisés » dans la matinée et 23 autres l’ont été à la suite d’un « ratissage sur les sanctuaires terroristes ».
Un deuil national de trois jours à compter de samedi a été décrété par le gouvernement malien.
Cette attaque survient en pleine reconfiguration militaire. Au cours des derniers mois sont arrivés au Mali de nombreux renforts présentés par les autorités maliennes comme des instructeurs russes et par les Occidentaux comme des mercenaires. La France et ses alliés européens au sein du regroupement de forces spéciales Takuba viennent, eux, d’annoncer leur retrait militaire du Mali.
Sur fond de vives tensions diplomatiques entre la junte au pouvoir depuis 2020 et certains des partenaires du Mali, au premier rang desquels la France, l’armée malienne ne cesse depuis des semaines de proclamer les succès contre les jihadistes.
L’armée malienne revendique la mort de dizaines de jihadistes ces derniers mois. Un communiqué publié cette semaine assurait que « la peur (avait) changé de camp, l’ennemi est en fuite vers les frontières ou en dissimulation dans la population ».
Ces informations sont difficilement vérifiables faute d’accès au terrain ou de sources pouvant s’exprimer.
Vendredi, plusieurs sources au Mali avaient indiqué à l’AFP qu’une attaque avait fait de nombreux morts à Mondoro.
Une source militaire française sous couvert de l’anonymat avait indiqué à l’AFP que le bilan de cette attaque menée par plusieurs centaines de jihadistes avait fait entre 40 et 50 morts.
La source affirmait que 21 véhicules avaient été saisis par les jihadistes, dont plusieurs blindés.
En outre, selon cette même source, « les FAMa (Forces armées maliennes) n’ont pas demandé l’appui de (la force française antijihadiste) Barkhane ».
Propagation jihadiste
Le camp de Mondoro, proche de la frontière avec le Burkina Faso, a été à plusieurs reprises par le passé la cible d’attaques de groupes jihadistes qui opèrent dans la zone depuis plusieurs années. Les habitants dénoncent une situation de blocus imposé par les jihadistes, malgré la présence de l’armée.
Une opération contre le camp et celui de Boulkessi, proche, avait fait une cinquantaine de morts parmi les soldats en septembre 2019.
Depuis 2019, le village de Mondoro est isolé et les télécommunications sont des plus aléatoires.
Le camp se trouve dans l’un des principaux foyers de la violence qui, partie du nord du Mali avec des insurrections indépendantiste et jihadiste en 2012, s’est étendue au centre et au Burkina et au Niger voisins.
Deux tiers du territoire malien échappent au contrôle de l’Etat. La propagation jihadiste, sous affiliation d’Al-Qaïda ou de l’organisation Etat islamique, commence à toucher plus au sud, la Côte d’Ivoire ou le Bénin par exemple, menaçant de gagner le Golfe de Guinée.
Les agissements jihadistes, conjugués aux violences intercommunautaires, aux actes crapuleux mais aussi aux exactions de l’armée, ont fait des milliers de morts, civils et militaires, et des centaines de milliers de déplacés. L’insécurité contribue à l’instabilité politique. Après le Mali à deux reprises depuis août 2020, le Burkina Faso a été le théâtre d’un putsch en janvier dernier.
Plus de 30 soldats avaient été tués en mars 2021 à Tessit dans une telle opération, revendiquée par l’organisation Etat islamique.
Toutefois, au cours des derniers mois, les pertes humaines effectivement rapportées dans les rangs de l’armée avaient diminué.