Après la manifestation du samedi 13 novembre, réprimée dans le sang, le fossé se creuse entre civils et militaires au Soudan. De quoi compliquer encore davantage les médiations engagées pour tenter de remettre le pays sur les rails d’une transition démocratique.
« La répression sanglante de samedi est bien la preuve que le général Burhan n’est pas décidé à chercher une issue à la crise », estimait samedi après-midi un jeune soudanais actif dans le réseau des comités de résistance. Le front anti-putsch entend donc maintenir la pression et appelle d’ores et déjà à une nouvelle mobilisation, le mercredi 17 novembre.
Du côté de l’armée, et pendant que la rue soudanaise comptait ses morts, hier, le général Burhan a présidé la première réunion du nouveau conseil de souveraineté. Faut-il y avoir un symbole ? La nomination de ce nouveau conseil a été qualifié par l’ONU « d’unilatérale », et été perçue par beaucoup comme manière pour le chef de l’armée d’entériner son putsch.
Parallèlement, les arrestations se poursuivent, tout comme les purges dans les institutions publiques où des opposants au coup d’État sont discrètement remplacés par des cadres de l’ancien régime.
« Les deux camps sont de plus en plus polarisés », résume la chercheuse soudanaise Kholood Khair. Cela risque de compliquer encore la tache de ceux qui, en coulisses, tentent depuis le 25 octobre de réconcilier civils et militaires et de sauver la transition démocratique. Des tentatives de médiation qui se multiplient, sans toujours de cohérence entre elles, et qui se heurtent aussi aux divisions du bloc civil, dont de nombreux représentants sont par ailleurs en prison.
Une des ambulances utilisées pour l’évacuation a été attaquée. Ils ont jeté des lacrymogènes, des équipements ont été endommagés… alors qu’il s’agit d’une ambulance gouvernementale.