Mokoko vit avec des graffitis, tags, rats, cafards et autres insectes qui pullulent dans sa cellule

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La Maison d’arrêt de Brazzaville, la capitale congolaise, est de nouveau pointée du doigt pour les conditions déplorables de détention. Surpopulation carcérale, graffitis, tags, rats, cafards, délabrement… le constat est accablant. Un phénomène qui n’est pas nouveau mais massif, durable et particulièrement indigne. Cette promiscuité provoque des problèmes sanitaires et une hygiène désastreuse. Les conditions de détention violent gravement les droits fondamentaux des détenus. Le général Jean-Marie Michel Mokoko vit chaque jour avec des graffitis, tags, rats, cafards et autres insectes qui pullulent dans sa cellule, a-t-on appris auprès d’un surveillant pénitentiaire.

Sur tout ce que l’enfermement et la solitude sont capables de féconder au-delà des graffitis, tags, rats, moustiques, vétusté ou délabrement de la Maison d’arrêt de Brazzaville, les prisons congolaises, loin d’être des lieux de grande créativité, d’imagination artistique, d’épanouissement intellectuel et de réinsertion, sont uniquement des véritables lieux de sanction , des lieux de souffrance.

Les détenus n’ont rien d’autre pour les distraire. La prison dope leur imaginaire.

Les conditions de détention sont «effroyables» dans les prisons du Congo-Brazzaville où la répression se déroule «à huis clos», a dénoncé en mai 2019 l’Observatoire congolais des droits de l’homme (OCDH) dans un rapport qui fait état de la mort d’une trentaine de détenus entre 2017 et 2018.

«Ces conditions sont difficiles et assimilables à des maltraitances. Il y a des décès en prison. Nous en avons enregistré une trentaine entre 2017 et 2018», la période couverte par le rapport d’une centaine de pages, avait indiqué Trésor Nzila, directeur exécutif de l’OCDH.

«L’exemple le plus récent, c’est la prison d’Ouesso (au nord) où nous avons enregistré 9 décès. Leur mort serait due à la malnutrition selon les responsables pénitentiaires», avait déploré le membre de l’OCDH. «Quand les gens meurent de malnutrition en prison, (c’est) une illustration parfaite de la torture», selon lui.

Le rapport souligne le «difficile accès aux prisonniers de haut profil». L’ONG fait allusion au général Jean-Marie Michel Mokoko, chef d’état-major de l’armée entre 1987 et 1993. Cet officier de 74 ans a défié le Président Denis Sassou N’Guesso à la présidentielle contestée de 2016.

En 2018 il a été jugé pour «atteinte à la sécurité intérieure de l’État» et condamné à 20 ans de prison. «Nous avons eu des alertes inquiétantes : les conditions de détention du général Mokoko ont été durcies. Il est interdit aux ONG de le voir. Il faut craindre qu’on enregistre un drame en prison», avait dénoncé Trésor Nzila.

Les avocats de Jean-Marie Michel Mokoko ont eux aussi interdiction de le voir sous prétexte qu’il a été «définitivement condamné».

«La doctrine du gouvernement congolais sur la question des droits de l’homme se résume par la duplicité manipulatrice: d’un côté vous avez des discours d’un État promoteur des droits de l’homme, qui ratifie les traités. De l’autre côté, la violation des droits fondamentaux est systématique, la terreur et la répression se poursuivent à huis clos», avait relevé Trésor Nzila.

Suite à des plaintes déposées en 2020 et 2021 par les familles de prisonnier, Trésor Nzila a affirmé que « Les cellules sont infestées de cafards, de rats, de puces, de moustiques et autres insectes. Tous les détenus qui y sont dorment à même le sol. Lorsque vous arrivez là-bas, si vous êtes un homme, automatiquement on vous déshabille avant l’entrée en cellule. La lumière, y compris naturelle, est très faible. La chaleur est intense. Les conditions sont très inhumaines et dépassent le seuil de gravité ».

Trésor Nzila a demandé au gouvernement congolais d’agir au plus vite : « Nous interpellons le gouvernement de prendre des mesures urgentes pour humaniser les conditions de détention ».